À 41 ans, Christian Malanga Musumari a été neutralisé après sa tentative de coup d’État déjouée par l’armée congolaise à Kinshasa, ce dimanche 19 mai. Qui est cet ancien officier des FARDC qui vivait désormais aux États-Unis et présenté comme le cerveau de la tentative de coup d’État ?
Par Trésor Mutombo
Dimanche 19 mai 2024. La situation est confuse dans la capitale congolaise, où des fidèles chrétiens s’apprêtent ce matin à se rendre à la messe ou au culte. Tout a commencé avec une attaque contre la résidence de Vital Kamerhe, proche du président Félix Tshisekedi et candidat de l’Union sacrée pour le perchoir de l’Assemblée nationale. Bilan ? Au moins quatre morts, selon un bilan de l’armée. Il s’agit de deux policiers et deux assaillants dont Christian Malanga. Vital Kamerhe et sa famille n’ont pas été touchés. Quelques minutes plus tard, dans la journée, un groupe d’hommes armés ont été filmés au Palais de la Nation, où se trouvent les bureaux du chef de l’État réélu à l’élection présidentielle de fin décembre 2023 pour un second mandat.
Un homme a surgi devant la caméra. Il parlait français, anglais et lingala, une des langues nationales de la RDC. « Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe dégagent », lance-t-il, son arme à l’épaule avec un drapeau du Zaïre, appellation de la RDC sous le régime du président Mobutu, en mains. Il exprime son ras-le-bol, dénonçant la situation socio-économique du pays, mais aussi les conditions des militaires dans un contexte de conflit depuis des décennies. L’homme, aux côtés de ses lieutenants en treillis, retient l’attention. Sa vidéo fait le tour des réseaux sociaux. Mais qui est réellement Christian Malanga Musumari ?
Homme d’affaires et ancien officier militaire, Christian Malanga a vécu aux États-Unis, où il était propriétaire d’entreprises et d’organisations à but non lucratif, travaillant notamment en faveur des enfants orphelins en RDC. Il rentre en République Démocratique du Congo, son pays natal, en 2006. Il intègre le service militaire congolais et y sort avec un grade de capitaine. Au sein de l’armée régulière, il a occupé plusieurs fonctions. Il devient même officier du moral de la bridage et commandant. Mais Christian Malanga décide de troquer l’uniforme pour se lancer dans la politique.
Christian Malanga, un homme aux multiples casquettes
Dans cette nouvelle aventure, l’homme d’affaires a navigué sur des eaux troubles. Même s’il croyait avoir une base solide grâce à ses activités avec son entreprise Malanga Congo, engagée dans les projets de travaux publics et passation de marchés. Mais, il échoue aux Législatives de 2011, en se présentant candidat indépendant et ayant été arrêté avant ce scrutin. Finalement, il rentre aux États-Unis en 2012, où il lance le Parti des Congolais unis qui deviendra Zaïre.
Depuis, Christian Malanga a adopté une posture hostile vis-à-vis des autorités de Kinshasa, en se forgeant une réputation et une image de dur au sein de la diaspora congolaise. En 2013, M. Malanga a été nommé Premier ambassadeur de la Liberté religieuse internationale lors d’une table ronde. Quatre ans plus tard, il veut avancer avec son projet Zaïre, en créant un gouvernement en exil à Bruxelles (Belgique, l’ex-puissance colonisatrice de la RDC). Ce qui va donner naissance au « Nouveau Zaïre ».
Avant l’aventure fatale, Christian Malanga s’était lancé dans le business minier avec des Américains au Mozambique. Peu avant, il a investi en RDC dans l’or. Ce dimanche, il s’est, sans doute, vu devenir le héros de tout un peuple, en se filmant au Palais de la Nation. Mais son rêve n’aura été que d’une courte durée. Selon le porte-parole des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le général Sylvain Ekenge, l’armée a étouffé dans « l’œuf une tentative de coup d’État ».
Voulant rassurer que la situation est sous contrôle, il a déclaré que « cette tentative a impliqué des étrangers et des Congolais. Ils ont été mis hors d’état de nuire, leur chef y compris ». Des sources affirment que Christian Malanga, chef de la milice Zaïre, a été abattu lors de l’intervention des éléments de la Garde républicaine. Marcel Malanga, son fils, figure parmi les assaillants arrêtés.
En RDC, cette tentative de putsch déjouée intervient alors que la formation d’un gouvernement se fait toujours attendre, cinq mois après l’investiture du président Félix Tshisekedi pour un second mandat, à l’issue d’une présidentielle qu’il a remportée haut la main avec près de 70% des suffrages. C’est aussi dans un contexte marqué par la crise sécuritaire dans l’est du pays, théâtre d’affrontements entre l’armée et les rebelles du M23.