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TICAD8 : Comment le Japon cherche lui aussi à se positionner en Afrique

Par Redaction
30 août 2022
6 min

La 8eme Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (TICAD8) s’est tenue en Tunisie alors que la Chine n’a cessé d’accroître ces dernières années son influence en Afrique via notamment son ambitieux projet des “Routes de la soie”.

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Lors de la précédente Ticad en 2019, l’ancien Premier ministre Shinzo Abe, assassiné pendant un évènement électoral le mois dernier, avait mis en garde l’Afrique contre le danger d’accumuler des dettes “excessives”, une allusion à la Chine.
Le Japon “entend fortement soutenir un développement mené par les Africains eux-mêmes”, indique le ministère des Affaires étrangères sur son site présentant le sommet, en soulignant les avantages de l’exemple japonais: “une croissance de qualité” et “l’accent mis sur la population”.
Il s’agit de la première Ticad – un forum qui se tient tous les trois ans, alternativement au Japon et en Afrique — depuis le début de l’épidémie de Covid. 
Le Premier ministre japonais, positif au Covid-19, a fait ses interventions à distance et la délégation japonaise est menée par le chef de la diplomatie Yoshimasa Hayashi.
Depuis la création du concept en 1993, les sommets Ticad, co-organisés avec les Nations unies, la Banque mondiale et l’Union africaine, ont généré 26 projets de développement dans 20 pays d’Afrique, pour la plupart gérés par l’agence de coopération nippone JICA.
Les trois axes du sommet seront l’économie avec “un accroissement prévu des investissements japonais en Afrique”, dans les starts-ups et l’économie verte et pour “renforcer la sécurité alimentaire”.
Deuxième priorité: “construire un environnement durable” à travers des programmes d’aide au développement dans la santé et l’hygiène, l’éducation et l’environnement, notamment la prévention des catastrophes naturelles. 
Troisième thématique: soutenir “la consolidation de la démocratie, l’Etat de droit, la prévention des conflits et les médiations”, notamment au Sahel et dans la Corne de l’Afrique.
La Tunisie espère profiter de la tenue du sommet chez elle pour attirer des investisseurs sur environ 80 projets d’une valeur de 2,7 milliards de dollars dans la santé, l’automobile, le spatial et les énergies renouvelables, censés créer 35.700 emplois.

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Le Japon a promis “une étroite collaboration” avec l’Afrique, afin d’y promouvoir une économie “plus résiliente” face aux crises et épidémies, et davantage de “sécurité” sur un continent miné par guerres et terrorisme, lors d’un sommet à Tunis. 
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a jugé indispensable de “remédier à une injustice historique” pour que l’Afrique obtienne un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et le Japon, a-t-il dit, poussera dans cette direction quand il y sera un membre non permanent en 2023-2024.
Le Japon entend “créer un environnement où le peuple africain pourra vivre en paix et sécurité afin de pouvoir se développer”, a expliqué M. Kishida, en visioconférence depuis Tokyo, parce que positif au Covid-19.
Cette thématique a été longuement développée par le président sénégalais et président en exercice de l’Union africaine (UA) Macky Sall, réclamant que “les mentalités changent”.
“Ce qui nous déstabilise et nous empêche de nous développer doit être pris en compte par le Conseil de sécurité dont c’est la mission”, a ajouté M. Sall. “L’Afrique est le ventre mou du terrorisme international”, “il faut une réponse globale”, a-t-il plaidé.

  • “Paix et sécurité” –

Soulignant devant la presse que certains pays d’Afrique de l’Ouest “consacrent 30% de leur budget à la lutte contre le terrorisme”, M. Sall a plaidé pour que “ces nouvelles charges” pour les armées africaines “soient sorties du calcul du déficit”. Il a appelé en outre les bailleurs de fonds à contribuer au Fonds de l’UA pour la paix.
Près de 20 chefs d’Etat et de gouvernement africains ont assisté à Tunis au 8e sommet Ticad (Tokyo International Conference for African Development) qui a rassemblé samedi et dimanche 5.000 participants conviés aussi à un forum d’entrepreneurs et à des conférences parallèles.
Le Japon, qui a annoncé samedi l’octroi de 30 milliards de dollars de fonds privés et publics à l’Afrique sur trois ans, a prévu un volet “paix et sécurité” pour la formation de policiers, l’aide à l’organisation d’élections, le contrôle des frontières.
Une aide concrète de 8,3 millions de dollars sera notamment allouée à la région sahélienne du Liptako-Gourma, à cheval sur Mali, Burkina-Faso et Niger, dévastée par des attaques jihadistes.
Le Japon a aussi décidé de nommer un ambassadeur pour la Corne de l’Afrique, où “la situation se dégrade”, a noté M. Kishida, avec un afflux de réfugiés et des pénuries alimentaires.
“Le continent africain continue de souffrir, on y a vu des actes répétés de violence. Tristement en Libye, la situation s’est enflammée de nouveau hier”, a abondé devant les médias le président tunisien Kais Saied, hôte du sommet.
Comme Macky Sall, M. Saied a réclamé “une nouvelle approche” internationale pour l’aide au développement à l’Afrique, pour les pays très endettés (comme la Tunisie) et à transformer “les dettes en investissements”.

  • “Accompagner la relance” –

Il a regretté l’émigration des ressources humaines du Sud vers le Nord, après un “pillage” des ressources des pays africains, “de l’extérieur et de l’intérieur du fait souvent de leurs propres dirigeants”.
M. Sall a évoqué “un rééchelonnement ou effacement des dettes” et réitéré la demande africaine d’une “réallocation de droits de tirage spéciaux” du FMI, et “la mise en oeuvre de la suspension du service de la dette” (remboursement des intérêts) promise par le G20, groupement des 20 premières économies mondiales.
“Face à la double crise que nous traversons”, sous l’effet du Covid et de la guerre en Ukraine, il a jugé ces mesures nécessaires “pour accompagner la relance de nos économies”.
La Déclaration de Tunis, adoptée dimanche, a exprimé une “profonde inquiétude” face à l’impact de la guerre en Ukraine qui a “créé une insécurité alimentaire en Afrique”. Les dirigeants y appellent à “une reprise des exportations de céréales, produits agricoles et engrais” vers l’Afrique.
La Déclaration reprend les trois grands axes de coopération du Japon avec l’Afrique: une accélération de la croissance avec des investissements dans l’économie verte et les starts-ups, une “économie résiliente” avec un soutien à la production de médicaments et vaccins et la sécurité alimentaire et “la paix et la sécurité” en soutenant les médiations et la prévention des conflits.