Le raï, chant populaire d’Algérie
Le raï, chant populaire d’Algérie, qui a connu une renommée mondiale dans les années 90 grâce à des vedettes comme Cheb Khaled, a été inscrit jeudi au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco.
“Nouvelle inscription sur la Liste du patrimoine immatériel: Le raï, chant populaire d’Algérie”, a annoncé l’organisation sur son compte Twitter, ajoutant la mention: “félicitations!”.
Moyen de véhiculer la réalité sociale sans tabou ni censure, le raï aborde des thèmes tels que l’amour, la liberté, le désespoir et la lutte contre les pressions sociales.
Apparu dans les années 30, il était à l’origine pratiqué en milieu rural par des doyens qui chantaient des textes poétiques en arabe vernaculaire, accompagnés d’un orchestre traditionnel, selon l’Unesco.
C’est au milieu des années 80 que le raï explose: sous l’influence de “Chebs” (jeunes), cette musique traditionnelle algérienne de la région d’Oran (ouest) se modernise.
Après un premier festival raï à Oran en 1985, ce genre musical débarque en France à l’occasion d’un festival à Bobigny, en région parisienne, en janvier 1986.
Avec ce festival, le public français découvre aussi la voix de Cheb Mami, qui, aux côtés de Cheb Khaled ou de Cheikha Rimitti, deviendront par la suite des stars mondiales.
En quelques années, le raï élargit son public, intéresse les grandes maisons de disques. Cheb Khaled devient le premier maghrébin à entrer au Top 50 au début des années 90 avec son tube “Didi”.
Durant la décennie noire (1992-2002), plusieurs chanteurs de raï ont été assassinés dont le plus célèbre d’entre-eux, Cheb Hasni, considéré comme le roi du “raï sentimental”, tué à Oran en septembre 1994 à Oran par des islamistes armés.
Au cours des années 2000, le raï a peu à peu disparu des grands plateaux de télévision et retrouvé son public confidentiel des débuts.
Il a été victime aussi de sorties de routes, comme la condamnation de Cheb Mami pour violences envers son ex-compagne, et de la montée en puissance des musiques urbaines (rap et Rythm’n’Blues).
Le raï a été remis au goût du jour cet été par le succès phénoménal du dernier titre de la star planétaire franco-algérienne, DJ Snake, “Disco Maghreb”, du nom de l’emblématique maison de disques oranaise, à laquelle le titre de la chanson rend hommage.
La harissa, condiment national en Tunisie, également au patrimoine immatériel de l’humanité
La harissa, condiment national en Tunisie confectionné à base de piments, a été inscrite aussi par l’Unesco au patrimoine immatériel de l’humanité.
La harissa est cuisinée à partir de piments séchés au soleil, d’épices fraîchement préparées et d’huile d’olive qui la conserve et en atténue le piquant. On la trouve quasiment dans toutes les assiettes de restaurateurs en Tunisie et elle est exportée vers de nombreux pays.
“Utilisée comme condiment, ingrédient, ou même un plat à part entière, la harissa est bien connue sur tout le territoire tunisien où elle est consommée et produite, en particulier dans les régions qui cultivent le piment”, peut-on lire dans le dossier de candidature présenté par la Tunisie.
“Elle est perçue comme un élément identitaire du patrimoine culinaire national, et un facteur de cohésion sociale”, ajoute le texte. “Préparée et consommée sur tout le territoire tunisien, la harissa est perçue comme un élément fédérateur de tout un pays”.
“Faisant partie intégrante des provisions domestiques et des traditions culinaires et alimentaires quotidiennes de toute la société tunisienne, la harissa est préparée, le plus souvent, par les femmes dans un cadre familial ou vicinal convivial, à caractère festif, marqué par une entraide communautaire remarquable”, explique le dossier de candidature.
Adoptée en octobre 2003 et ratifiée par 180 pays, la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel promeut la sauvegarde des connaissances et savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel.
Outil de la diplomatie culturelle, elle récompense également des “pratiques culturelles transmises de génération en génération, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs ou encore les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers”.
La liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité compte aujourd’hui plus 530 éléments inscrits, dont 72 nécessitent une sauvegarde urgente.
La rédaction avec l’AFP