L’Algérie a été frappée ces derniers jours par des pluies torrentielles qui ont fait au moins deux morts et causé d’importants dégâts matériels et des récoltes détruites. Les régions de l’est et du centre du pays sont notamment touchées. Dans un pays où les inondations sont récurrentes, le débat sur leur gestion par les autorités est relancé. Certains sinistrés reprochent au gouvernement de les abandonner.
« Je n’ai plus rien. Le travail de toute une vie est parti ». Depuis mercredi 27 mai, Mohamed et sa famille dorment dans la benne d’un camion. Ce sexagénaire, habitant dans la ville de Fouka, petite ville balnéaire située à une quarantaine de kilomètres à l’ouest d’Alger, n’a plus de maison : elle a été emportée par une crue exceptionnelle qui a emporté tout sur son passage ce jour-là.
La colère a commencé à gronder parmi les sinistrés qui crient à l’abandon.
Dans la nuit de mercredi 24 mai, des pluies diluviennes se sont abattues sur une bonne partie du Nord de l’Algérie provoquant des inondations dans plusieurs localités. C’est le cas de Fouka, petite ville côtière située dans le territoire de la wilaya (département) de Tipaza, à l’Ouest de la capitale. Durant toute la nuit de mercredi à jeudi, la pluie est descendue en flux ininterrompu. Au lever du jour, les citoyens, dont la majorité n’a pas fermé l’œil de la nuit, ont découvert un paysage apocalyptique : des voitures réduites en amas de ferraille, des maisons éventrées, d’autres vacillantes et certains autres bâtiments ne tiennent que sur des piliers suspendus dans le vide. Dans leur furie, les eaux ont tout emporté. Les images sont quasiment identiques dans les communes voisines, notamment à Bousmaïl et Khemisti. S’il n’y a pas eu de morts, comme ce fut le cas à Guelma (Est) dans laquelle deux filles ont été emportées par les eaux d’une rivière en crue, des dizaines d’habitants se sont retrouvés sans rien : ni maison, ni meubles, ni vêtements et parfois même pas de nourritures.
Comment en est-on arrivé là ?
Selon les autorités locales, en plus de la puissance des précipitations (plus de 100 mm en quelques heures), le recours aux constructions anarchiques, construites notamment dans les lits des rivières asséchées depuis des années, a provoqué plus de dégâts. Certains habitants, qui se sont exprimés sur les réseaux sociaux, ont pointé du doigt la complicité voire la passivité des autorités face à ces constructions qui ne respectent aucune norme. Mais le temps n’est pas à la polémique.
Des pages créées sur les réseaux sociaux, souvent soutenues par des célébrités, appellent la population aux dons. Des collectes de denrées alimentaires, de biens de première nécessité et de tentes ont été effectuées dans plusieurs régions du pays. Les voisins dont les maisons sont restées debout ont accueilli leurs voisins sinistrés. Entre-temps, des visites des responsables départementaux se sont multipliées pour constater les dégâts. Mais trois jours après, aucune action concrète n’a été réalisée, alors que des pluies, moins fortes certes, ont continué de tomber par intermittence. La colère a commencé à gronder parmi les sinistrés qui crient à l’abandon.
La réponse du président Abdelmadjid Tebboune
Pour prendre les choses en main, les autorités centrales sont intervenues. Le président Abdelmadjid Tebboune a réuni, dimanche, un Conseil des ministres. Il a notamment demandé « le relogement de tous ceux ayant totalement perdu leurs logements, dans un délai de 48 heures, et la réparation des maisons partiellement endommagées ». Il a également ordonné l’indemnisation des familles touchées, dont les appareils et meubles ont été endommagés » et la remise en « état immédiate des routes et installations, et la mobilisation de bus pour le transport scolaire dans les zones, actuellement, difficiles d’accès pour piétons, jusqu’au retour à la normale dans toutes les zones sinistrées dans un délai qui ne doit pas dépasser une semaine ».
Dans une première étape, les autorités vont procéder au recensement des sinistrés avant d’établir les montants et nature des aides. En attendant, les familles, comme celle de Mohamed, seront relogées provisoirement, dans des infrastructures publiques en attendant des solutions définitives.