Englué depuis plusieurs mois dans une mystérieuse affaire de cambriolage passée sous silence et dont il dément les faits, le sort du président sud-africain Cyril Ramaphosa cette semaine au cœur de toutes les attentions.
Suite à la publication d’un rapport parlementaire affirmant qu’il aurait pu commettre des violations de constitution et des actes de corruption, son sort est en suspend à la veille des élections du Congrès national africain (ANC), le parti dont il est le Président.
Tout commence par une affaire de cambriolage
C’est en en février 2020 que le tourbillon commence, après l’introduction de cambrioleurs dans l’une des luxueuses propriétés du président sud-africain, ancien homme d’affaires à succès. Les voleurs neutralisés auraient été séquestrés de longues heures. Mais, le scandale éclate en découvrant, via une plainte déposée par la suite, que Cyril Ramaphosa n’aurait signalé cet incident ni à la police, ni au Fisc alors que d’importantes sommes d’argent (environ 580 000 dollars) auraient été retrouvées dans les coussins d’un canapé de cette demeure.
Le rapport parlementaire sème le doute sur les explications données par le président sur ces 580 000 dollars en liquide camouflés. Cyril Ramaphosa, 70 ans, communément appelé “Cyril” par les Sud-Africains dément catégoriquement. “Je n’ai jamais volé d’argent et je ne le ferai jamais”, avait-il affirmé dès la révélation de l’affaire en juin 2022.
Il assure que l’argent liquide volé chez lui provenait de la vente à un homme d’affaires soudanais de vingt buffles, un certain Mustafa Mohamed Ibrahim Hazim, dont l’identité n’a pu à ce jour être vérifiée.
L’avenir présidentiel de Cyril Ramaphosa menacé ?
Le président sud-africain est soupçonné d’avoir violé la Constitution ainsi qu’une loi anti-corruption. Alors que les appels à la démission lancés par l’opposition se multiplient et qu’une procédure de destitution pourrait être votée mardi 6 décembre au Parlement, le Président a fait savoir, par la voie de son porte-parole, qu’il consultait largement au sein de son parti afin de déterminer « la meilleure des options, non pas pour lui, mais pour l’intérêt du pays ».
Son ministre de la Justice Ronald Lamola a déclaré sur la chaîne publique SABC “Il va rester, il n’y a aucun doute”. Et son porte-parole, Vincent Magwenya de confirmer à l’AFP “il envisage sérieusement de contester le rapport d’une commission parlementaire qui l’accable par voie de justice ».
Entre le 16 au 20 décembre que l’ANC, le pouvoir en place choisira son leader, qui deviendra le prochain chef de l’État à l’issue des élections générales de 2024, si le parti venait à sortir vainqueur.
Rappelons qu’aux dernières élections locales, en 2021, l’ANC au pouvoir en Afrique du Sud depuis la fin de l’apartheid, érodé par des guerres intérieures était passé pour la première fois de son histoire sous la barre des 50 %. Le parti est donc confronté à un désamour grandissant.
Les conclusions d’une commission indépendante mandatée par le Parlement jugent les faits suffisamment graves pour ouvrir la voie à une procédure de destitution de Cyril Ramaphosa.
Toutefois, pour que la procédure de destitution puisse aboutir, elle devra requérir un vote à la majorité des deux tiers à l’Assemblée, où l’ANC de Cyril Ramaphosa détient une confortable majorité depuis 1994. Elle aurait, semble-t-il, peu de chances d’aboutir.
L’histoire présidentielle se répète-t-elle en Afrique du Sud ?
La situation du président Cyril Ramaphosa n’est pas sans rappeler les précédentes démissions de présidents sud-africains poussés vers la sortie après des soupçons de corruption et la perte de confiance.
Jacob Zuma, président de la République de mai 2009 à février 2018, était également en 2021, visé par de nombreux chefs d’accusation. Emprisonné à la suite d’une condamnation pour refus de comparaître devant une commission d’enquête sur la corruption politique, il avait libéré peu après pour raisons médicales.
Antérieurement, en 2007, c’était le président Thabo Mbeki, à la tête de l’Afrique du Sud depuis 1999, qui avait été contraint de démissionner en septembre 2008 avant la fin de son mandat, après avoir perdu la confiance de son propre parti, l’ANC.
Les prochains jours nous diront donc si l’histoire se répètera avec une démission ou destitution de Cyril Ramaphosa.