Qui était Adama Samassékou, apôtre du « multilinguisme fonctionnel convivial entre les langues » ? Un linguiste et politique malien reconnu et respecté de ses pairs en Afrique et au-delà. Et pas que ! Le natif de Diré (Tombouctou) aux origines Bozo (communauté de pêcheurs nomades, maître des eaux) de Mopti, né en 1946, a fait ses études primaires et secondaires dans son pays. Dans le cadre de ses études universitaires, il a d’abord séjourné en Russie (ex-URSS) où il obtient un master en philologie et linguistique à l’Université d’État (Lomonossov) de Moscou. Plus tard, il pose ses valises estudiantines à Paris. Dans la métropole française, ses efforts académiques sont sanctionnés par l’obtention d’un diplôme d’études approfondies (DEA) en linguistique africaine à la prestigieuse Sorbonne et d’un diplôme d’études supérieures (DES) de consultation et formation dans les organisations à Paris-IX (Dauphine).
« Quand Adama Samassékou était déjà élève au lycée Askia-Mohamed (ex-lycée Terrasson-de-Fougères), à Bamako, il était le secrétaire général du comité scolaire lié à l’Union soudanaise - Rassemblement démocratique africain (US-RDA) de Modibo Keïta. Il était très actif au sein de la jeunesse du parti (panafricain). C’est pourquoi quand il y a eu le coup d’État, en 1968, ils ont mené une lutte clandestine pour que les idéaux, pour lesquels Modibo et ses compagnons s’étaient battus, deviennent le centre des combats que le pays doit mener pour son indépendance véritable. Ce qui l’a conduit à plusieurs arrestations et il est envoyé au Nord, en prison, pour y purger sa peine », se remémore Daouda Tekété, journaliste et écrivain, auteur notamment du livre « Modibo Keïta. Portrait inédit du président », ouvrage issu d’un travail « de 30 ans de recherche sur la vie d’un homme » qui les a marqués dès leur plus jeune enfance.
« Lorsqu’ il était encore étudiant à l’Union soviétique, poursuit le célèbre biographe du président socialiste malien – au sens du socialisme africain et non forcément du socialisme scientifique (athée) tel que théorisé par Karl Marx et Engels –, Samassékou a continué à lutter pour que les militaires qui étaient à l’époque au pouvoir, à la suite du coup d’État de Moussa Traoré (1968 - 1991), comprennent que le pays ne peut pas être géré comme eux le voulaient, mais aussi qu’ils comprennent que le combat que Modibo Keïta (1960 - 1968) a mené, et qui était estompé pour des raisons que l’on connaît (lire à ce sujet la note critique ‘’Le Mali socialiste (1960-1968)’’ de Jean-Loup Amselle publiée en 1978 dans le volume 72 de Cahier d’études africaines, pp. 631-634, NDLR), doit reprendre de façon encore plus vivace. »
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