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Coup d’État au Niger : Le général Abdourahamane Tchiani dévoile ses motivations

28 juillet 2023
5 min

Après plusieurs heures de confusion et de spéculation autour de l’identité du principal instigateur à Niamey du « mouvement d’humeur » redevenu « coup d’Etat » militaire, c’est le général Abdourahamane Tchiani, chef de la garde présidentielle du Niger, qui a fait une apparition publique ce 28 juillet 2023, s’exprimant en tant que président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), l’organe responsable du coup d’État. Il a justifié son action contre le président Mohamed Bazoum par l’aggravation de la situation sécuritaire dans le pays.

Tchiani
Le général Abdourahamane  Tchiani, auteur du coup d’État au Niger

Qui est le général Tchiani ?

Le général Abdourahamane Tchiani est originaire de Tillabéri, dans l’ouest du Niger. Il a gravi les échelons sous le président nigérien précédent, Mahamadou Issoufou, qui l’avait nommé à la tête de la garde présidentielle. Le président Mohamed Bazoum l’a confirmé à son poste lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 2021. Le général Tchiani a donc déjoué plusieurs tentatives de coups d’État avant d’en mener lui-même.

Une justification peu solide ?

Le général Tchiani a critiqué l’approche actuelle de la gestion de la crise sécuritaire, qui, selon lui, exclut toute véritable collaboration avec le Burkina Faso et le Mali, malgré le fait que ces deux pays voisins partagent avec le Niger la zone du Liptako-Gourma, où se concentrent la plupart des activités des groupes terroristes.
Il dénonce une gestion politique des problèmes sécuritaires.

L’ex-chef de la garde présidentielle a également critiqué certaines actions de l’ancien gouvernement, y compris « la libération de chefs terroristes armés » ainsi que « l’absence de coordination » avec le Mali et le Burkina, des pays voisins du Niger qui, selon lui, sont confrontés aux mêmes défis en matière de sécurité.

Égrenant une liste d’”attaques meurtrières et traumatisantes”, il a assuré que “l’approche sécuritaire actuelle n’a pas permis de sécuriser le pays en dépit de lourds sacrifices consentis par les Nigériens et le soutien appréciable et apprécié de nos partenaires extérieurs”.

Pourtant, selon le rapport du Centre National de Coordination du Mécanisme d’Alerte Précoce et de Réponse aux Risques Sécuritaires (CNAP), il y a eu une diminution de 60% du nombre de civils touchés par des actes terroristes au Niger en 2022, et cette baisse s’est poursuivie en 2023 avec une réduction supplémentaire de 69%. 

Suspension des instances régaliennes

Le CNSP a annoncé que la constitution était suspendue et que les institutions issues de celle-ci étaient dissoutes. En attendant le retour à l’ordre constitutionnel normal, le CNSP exercera tous les pouvoirs législatifs et exécutifs, et le président du CNSP sera le chef de l’État et représentera l’État du Niger sur la scène mondiale. Le nouvel homme fort du pays a mis en garde également en garde contre toute «  intervention militaire extérieure ».

L’entourage politique de Bazoum dénonce “un coup d’Etat pour convenance personnelle”

Dans un communiqué Daouda Takoubakoye et Oumar Moussa, deux directeurs adjoints du cabinet du président nigérien déchu Mohamed Bazoum dénoncent “un coup d’Etat pour convenance personnelle justifié par des arguments puisés exclusivement dans les réseaux sociaux”.
Ils souhaitent “répondre à certaines contrevérités développées par les putschistes”, faisant référence à la première déclaration du chef de la junte Abdourahamane Tchiani vendredi à la télévision nationale.

Proclamé chef de l’Etat par ses pairs, Tchiani, dont le “remplacement” devait “être décidé dès le jeudi (27 juillet) en conseil des ministres”, selon un autre proche de Mohamed Bazoum, a justifié le coup d’Etat de mercredi par “la dégradation de la situation sécuritaire” dans un Niger miné par la violence de groupes jihadistes.

Répondant point par point, les directeurs de cabinet de Bazoum. affirment que “toutes (les) décisions dans le cadre de la stratégie de lutte contre le terrorisme ont été prises en Conseil national de sécurité où siègent tous les responsables militaires”.
Ils assument avoir recruté “des jeunes des zones où sévit le terrorisme afin de profiter de leur maîtrise de la géographie et de leur connaissance du milieu social”.

Concernant l’accusation de “libération extrajudiciaire” de “chefs terroristes” formulée par le général Tchiani, les proches de l’exprésident expliquent que “l’objectif de leur libération visait à les utiliser comme intermédiaires entre les autorités et les terroristes afin de démobiliser ces derniers”, et précisent avoir respecté “les formes réglementaires” pour les libérer.

Si le chef de la junte déplore l’absence de coopération avec le Burkina et le Mali voisins, tous deux dirigés par des militaires putschistes, les directeurs de cabinet répondent que “jamais avec le Mali nous n’avons coordonné une seule opération”.