Mali : “la rupture est consommée” entre les militaires et Choguel Maïga

L’ancien Premier ministre civil malien Choguel Kokalla Maïga, limogé fin novembre par les militaires au pouvoir, a affirmé samedi que la “rupture est consommée” entre sa coalition politique et la junte. Il est l’une des figures du Mouvement du 5-Juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5/RFP) qui avait pris part à la contestation contre l’ancien président civil Ibrahim Boubacar Keïta, finalement renversé par les militaires en août 2020.


Il avait été nommé Premier ministre par les militaires après un second coup d’Etat en 2021, avant d’être limogé le 20 novembre dernier après des critiques contre la junte dirigée par le général Assimi Goïta. L’ex-Premier civil a depuis été remplacé par un militaire, le général Abdoulaye Maïga.
Par cet acte, Assimi Goïta et ses camarades au pouvoir ont sonné “définitivement le glas du pacte d’honneur du 24 mai 2021 entre le M5-RFP” et les militaires, a-t-il déclaré samedi, lors d’une longue conférence de presse. “La rupture est ainsi définitivement consommée”, a-t-il affirmé.

L’ancien Premier ministre a notamment invoqué des “arrestations et “détentions extrajudiciaires” contre des membres du M5-RFP, mais également sa mise en écart par les militaires de la prise de décision concernant plusieurs sujets comme le maintien de la junte au pouvoir, la nomination de certains responsables relevant de sa tutelle, l’élaboration des budgets annuels…
Il a dénoncé “une sorte de spectre de confusion et d’amalgame” qui plane désormais sur la junte, “avec de véritables et graves risques de remises en cause des acquis”.

“Plusieurs actes et comportements qui sont inimaginables pour le Malien lambda pendant cette transition pourtant dédiée au changement, se découvrent et se manifestent de jour en jour. Et le M5-RFP n’y a jamais souscrit ni dans sa vision, ni dans son approche”, a-t-il dit.
Choguel Maïga a par ailleurs appelé les militaires à “créer les conditions sécuritaires pour la tenue de scrutins crédibles et apaisés, en y associant les forces politiques et sociales”.

Les militaires au pouvoir ont manqué à l’engagement qu’ils avaient pris initialement sous la pression internationale de rendre le pouvoir à des civils élus en mars 2024. Aucune nouvelle échéance n’est fixée.
Le nouveau pouvoir a réduit au silence l’opposition par des mesures coercitives, des mises en cause judiciaires, les dissolutions d’organisations, les restrictions à la liberté de la presse et la pression du discours dominant sur la nécessité de faire corps autour d’elle face à une multitude de défis.

Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise économique et sécuritaire nourrie notamment par les violences jihadistes et des groupes criminels communautaires.

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