Des responsables nigériens ont condamné les attaques proférées samedi contre le président du Niger Mohamed Bazoum par le Premier ministre par intérim du Mali Abdoulaye Maïga, à l’Assemblée générale de l’ONU.
Lors de ce discours, le colonel Maïga a critiqué plusieurs responsables africains et notamment Mohamed Bazoum qu’il a accusé de ne “pas être nigérien”.
Né en 1960 à Bilabrine dans la région de Diffa (sud-est), Mohamed Bazoum est de l’ethnie arabe Ouled Slimane, présente en Libye, mais très minoritaire au Niger.
Ses détracteurs, notamment pendant la campagne pour la présidentielle de 2021 qu’il a remporté, avaient mis en doute ses “origines nigériennes”. Mais la Cour constitutionnelle, plus haute juridiction du Niger avait rejeté une requête visant à disqualifier sa candidature pour cette raison.
Dans une interview au quotidien burkinabè Wakat Sera, en 2019, M. Bazoum avait rappelé que son arrière grand-père était arrivé au Niger “dans les années 1840”.
Dans une publication sur les réseaux sociaux, le ministre délégué aux Affaires étrangères Youssouf Mohamed Elmouctar a “condamné fermement le contenu des propos (du colonel Maïga). L’ivresse de la junte malienne lui a fait oublier le sens du protocole et de la diplomatie”.
“Il a fait honte à l’Afrique et au monde civilisé”, a poursuivi le ministre, dénonçant “la bassesse” des propos du chef du gouvernement malien.
Le député de la majorité Mohamed Saghdoun a de son côté qualifié M. Maïga de “soldat en rupture de banc avec la réalité” de son pays.
Dans un communiqué l’élu a critiqué “l’incapacité de l’armée malienne à protéger” les civils contre “les exactions jihadistes”, poussant “des milliers de maliens à se réfugier depuis 2012 au Niger voisin.
Il a également demandé le rappel de l’ambassadeur nigérien du Mali et la rupture des relations diplomatiques avec “une junte au service de Moscou”.
“Jamais au grand jamais, le président Bazoum n’a proféré d’injures à l’égard de la junte à fortiori vis-à-vis d’un pays voisin”, a commenté lundi le quotidien privé La Nation qui estime que “cette posture maladroite discrédite un peu plus la junte” malienne.
Suspension des produits pétroliers vers le Mali
Le Niger a décidé de “suspendre” le transit des produits pétroliers destinés au Mali voisin “pour des raisons sécuritaires”, face à la menace des groupes jihadistes.
Dans une note de service datée du 21 septembre, la direction générale des Douanes du Niger annonce “la suspension de la délivrance des autorisations de transit de produits pétroliers accordées aux usagers sur le Mali”.
Les produits destinés à la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) sont toutefois exemptés de cette suspension, ajoute cette note.
En outre, le texte annonce la “suspension” des autorisations “déjà délivrées” pour la fourniture des produits pétroliers au Mali et qui ne sont pas destinées à la mission onusienne.
Cette décision a été prise trois jours avant les attaques du Premier ministre malien par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga, à l’encontre du président nigérien Mohamed Bazoum.
“Cette mesure est motivée vraiment par des raisons sécuritaires, pas autre chose”, a assuré une source douanière.
Les livraisons d’hydrocarbures destinées à la Minusma seront “escortées jusqu’à la frontière du Mali”, a-t-elle assuré. Selon une autre source douanière, il s’agit des hydrocarbures produits par le Niger et par son voisin le Nigeria, l’un des plus gros producteurs africains.
Au Niger et au Burkina Faso voisin, plusieurs sources font souvent état de détournements de camions transportant des hydrocarbures par des groupes jihadistes.
Le Niger et le Mali sont confrontés depuis des années aux attaques de groupes jihadistes affilés à l’Etat islamique (EI) et Al-Qaida.