Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a été réélu sans surprise pour un second mandat avec 94,65% des suffrages lors du scrutin du 7 septembre 2024. Retour sur une journée électorale sans forte mobilisation.
« J’ai voté pour permettre à mon pays d’avoir un président légitime ». Voile de rigueur, sourire discret et lunettes vissées sur le nez, Saida montre fièrement son index imbibé de l’encre bleu. Elle venait de voter à l’élection présidentielle anticipée algérienne. Enseignante dans une école primaire de la banlieue Sud d’Alger, cette quadragénaire est venue faire son vote à l’école primaire Omar-Rabie du quartier populaire Ain-Naadja, au Sud de la capitale.
Malgré une chaleur écrasante et un taux d’humidité élevée, elle n’a pas hésité à se déplacer pour « accomplir » son « devoir civique ». Dans le centre du vote où quatre bureaux sont placés, les électeurs ne se bousculent pas au portillon. Leur flux n’a pas cessé, mais leur arrivée se fait avec parcimonie. « Les gens ne votent pas d’habitude le matin. Il faut peut-être attendre l’après-midi », tente d’expliquer Mohamed, membre du personnel du bureau numéro 4. Selon lui, le nombre de votants n’est pas énorme « à cause de la chaleur sans doute ».
À l’extérieur, le mercure ne cesse de grimper. Les pluies tombées la veille sur la ville ont fait monter le taux d’humidité et l’air est devenu irrespirable. Les rues de la ville ne grouillent pas de monde. C’est aussi le cas du lycée Kheiredine Barberousse, au centre-ville d’Alger. En cette matinée électorale, seuls quelques citoyens, des hommes âgés en majorité, ont pointé leur nez dans ce bureau de vote, l’un des principaux de la capitale algérienne. « Je vote pour l’avenir de mes enfants et de mon pays », explique Nasr, sourire en coin à la sortie du bureau de vote.
« J’ai espoir que le changement arrive bientôt »
À une centaine de kilomètres de la capitale, la ville de Tizi-Ouzou, en Kabylie, est particulièrement désertée en cette fin de matinée. La chaleur y est accablante ; le mercure frôle 40 degrés. Située au milieu d’un amas d’immeubles carrés à « la nouvelle-ville », l’école Amar Haouchine est l’un des centres de vote de la région. Plus qu’à Alger, ici les surveillants s’ennuient. Rares sont les citoyens qui viennent glisser le bulletin dans l’urne. Abdennour est l’un d’eux. Militant du Front des Forces Socialistes (FFS) dont le Premier secrétaire Youcef Aouchiche, enfant de la région, était candidat à cette élection, ce fonctionnaire dans l’administration locale est venu « voter » par « devoir », admet-il.
« Pour la première fois, j’ai le sentiment que ma voix va compter. J’ai espoir que le changement arrive bientôt », s’est-il enthousiasmé. « J’ai accompli mon devoir. Vive l’Algérie », a simplement commenté un vieil homme qui n’a pas voulu donner son nom. En fin de journée, nous apprendrons que le taux de participation dans toute la wilaya de Tizi-Ouzou n’a pas dépassé 11%. C’est faible, mais c’est mieux qu’en 2019 quand le taux d’abstention de la région était de près de 100 %.
Partout dans le pays, les électeurs ne se sont déplacés en masse malgré les appels des autorités des trois candidats à « voter massivement ». Après minuit, le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) a annoncé une moyenne des taux de participation des wilayas (départements). Il était de 48,3% à la fermeture des bureaux de vote à 20 Heures. Ce chiffre, différent du taux de participation global qui n’est pas disponible pour le moment, a provoqué des doutes chez beaucoup d’observateurs surtout que le taux n’était que de 26% à 17 heures, donc trois heures auparavant. Un fait dénoncé par la direction de campagne du candidat Abdelali Hassani-Chérif dans un communiqué rendu public dimanche matin.
Quelques heures plus tard, l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) a annoncé les résultats du scrutin. Sans surprise, le président sortant Abdelmadjid Tebboune a remporté l’élection avec 94,65% des suffrages, suivi d’Abdelali Hassani-Chérif avec 3,17% et Youcef Aouchiche avec 2,16% de quelque cinq millions de voix valablement exprimées sur les 24 millions d’inscrits.
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