Après sa tournée en juillet dernier au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau, Emmanuel Macron s’envolera mercredi 1 mars vers quatre pays d’Afrique centrale : le Gabon, l’Angola, le Congo et la République démocratique du Congo. Avant son départ, il s’est exprimé lundi 27 février dans un discours à l’Élysée axé sur la nouvelle stratégie de la France pour maintenir le lien avec l’Afrique.
Écrire une nouvelle narrative dans la relation Afrique France
Le discours du président Emmanuel Macron fait écho à celui de 2017 à Ouagadougou, dans lequel il avait marqué sa volonté de tourner la page avec la politique africaine postcoloniale de Paris, la “Françafrique”, empreinte de liens sulfureux et de complexités politiques, pour tendre la main à la jeunesse africaine de plus en plus méfiante et vindicative vis-à-vis de la France. Si “la France veut bâtir une nouvelle relation équilibrée et réciproque avec les pays du continent africain”, elle doit selon Emmanuel Macron faire preuve d’humilité et changer les actions mises en place qui « ne sont plus suffisantes » et induisent ce sentiment grandissant de rejet.
Il rappelle également qu’une réalité africaine unique n’existe pas et que la France doit s’adapter aux bouleversements sécuritaires, démographiques et climatiques auxquels chaque pays africain fait face. Rejetant les “grilles de lecture du passé”, le président a indiqué que le rapport de la France à l’Afrique ne doit pas être celui d’un rapport de force, « d’une injonction de puissance » ou d’une compétition anachronique. Le pays ne peut plus « mesurer son influence au nombre de ses opérations militaires, se satisfaire de liens privilégiés et exclusifs avec des dirigeants » ou considérer que les marchés économiques lui reviennent de droit sous prétexte qu’il était là avant. Cette stratégie erronée ayant conduit la France dans l’impasse dans laquelle elle se trouve aujourd’hui.
La relation doit désormais se faire par le soutien du continent africain, cette « terre synonyme d’optimisme et de volontariat » dans ses défis pour consolider les États, investir massivement dans l’éducation, la santé, l’emploi, la formation ou encore la transition énergétique. Voisine de l’Afrique, la France a cette chance qu’elle doit saisir de pouvoir s’arrimer à un continent qui « progressivement deviendra l’un des marchés économiques les plus jeunes et dynamique du monde, l’un des grands foyers de la croissance mondiale » dans les prochaines décennies.
Plusieurs projets ont été évoqués sur des axes économiques, culturels, sportifs, éducatifs, notamment la signature d’un accord cadre de restitution des œuvres d’arts aux pays africains, la mise en place, si les gouvernements de la CEDEAO le souhaitent, d’une monnaie unique de remplacement du franc CFA ou encore l’organisation, par la future Maison des Mondes africains, d’un forum sur les industries culturelles et créatives africaines.
Des relations militaires cogérées
Ce discours qui intervient après la fin de l’opération antiterroriste Barkhane au Sahel et le retrait des forcesarmées françaises au Mali et au Burkina Faso, rappelle que ces deux pays sont désormais dirigés par des juntes militaires et que le sentiment d’hostilité à l’égard de la France y est persistant. Même si l’engagement français dans la lutte antijihadiste au Sahel “restera une immense fierté, Emmanuel Macron a insisté sur le fait que la France a assumé « malgré elle une responsabilité exorbitante” pendant les dix années d’engagement au Mali et qu’elle ne devait pas reproduire les mêmes erreurs.
Quelque 3 000 militaires français sont déployés dans la région, notamment au Niger et au Tchad, où on a pu compter jusqu’à 5 500 hommes, mais le président a fait état d’une prochaine “diminution visible” des effectifs militaires français en Afrique et d’un “nouveau modèle de partenariat” impliquant une “montée en puissance” des armées africaines.