Depuis quelques jours, des milliers de jeunes volontaires congolais ont décidé de s’enrôler au sein des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). Quelles sont leurs motivations ? Notre correspondant à Goma est allé à la rencontre de quelques nouvelles recrues.
Lors de son adresse à la Nation le jeudi 3 novembre, le président congolais avait réitéré son appel aux jeunes du pays à s’enrôler au sein de l’armée pour renforcer les effectifs et combattre les groupes armés locaux et étrangers qui sévissent dans l’Est. Un message qui semble avoir été suivi par des milliers de jeunes “déterminés” disent-ils à en finir avec les groupes rebelles.
Quelques jours seulement après l’appel du président Tshisekedi, plus de 3 000 jeunes, filles et garçons, venus de différents coins du Nord-Kivu, ont répondu présent, affirme le Directeur chargé de recrutement au sein de la 34ème région militaire, qui a supervisé la première séance d’entrainement de ces nouvelles recrues à Goma.
“Dans le Grand-Nord, entre autres Beni, Butembo, Lubero, Kanyabayonga et Kayna, nous avons 2 100 jeunes enrôlés alors qu’à Goma il y a 808. A Walikale nous avons 65. À Masisi, 352. Ils ont répondu à l’appel du chef de l’Etat 48h après son discours à la Nation, a assuré avec enthousiasme devant la presse, le Colonel Ndakala Faustin. “Ceux de Beni sont au camp Shiko et attendent d’être enregistrés. Toutes ces nouvelles recrues de l’armée congolaise subiront des tests d’aptitude physique et une formation de 6 mois pour les uns et une année pour les autres“, ajoute-t-il.
En réponse à cette mobilisation, le Porte-parole de l’armée, le général Sylvain Ekenge, confirme que les FARDC ont déjà procédé au recrutement de plusieurs jeunes pour servir au sein de l’armée. Il précise que le processus qui a débuté à Goma se déroule aussi à Kitona au Kongo-Central ainsi qu’à Kinshasa.
«La nation est en danger et elle a besoin de ses dignes fils pour servir sous le drapeau et si on a dégarni Rutshuru et Kiwanja c’est parce qu’on ne pouvait pas se permettre de mener des combats là où il y a la population. Nous n’avons pas des explications à donner à qui que ce soit. L’armée se réorganise elle a fait un repli tactique pour ne pas causer des morts inutiles et on va mettre tout en place pour récupérer tout l’espace conquis actuellement par le Rwanda», promet le général.
Les jeunes qui ont commencé le processus d’enrôlement disent avoir été motivés par l’appel du Chef de l’État à défendre le pays, “qui est actuellement agressé par des voisins”.
« Nous sommes en colère de constater que ce sont nos voisins qui nous agressent et nous entant que jeunes nous ne devons pas croiser les bras alors que la nation est en danger. Chacun de nous doit fournir des efforts pour défendre la patrie et cela jusqu’au sacrifice suprême », estime Chantal qui vient de s’enrôler.
D’autres jeunes estiment qu’il serait difficile de préparer leur avenir dans un climat de guerre, et pensent qu’en s’engageant dans l’armée, ils contribuent ainsi à la paix dans le pays.
« C’était ma vocation depuis longtemps de rejoindre l’armée mais cela a été de plus en plus accentué par l’appel du chef de l’État et j’appelle tous les jeunes à nous rejoindre massivement et d’éviter de se joindre aux groupes armés, J’ai accepté de laisser tout ce qu’il y a de luxueux chez moi, uniquement pour défendre notre patrie et je suis déterminé à me battre contre tout ce monde qui veut s’emparer de notre pays ». affirme Gédéon, une autre jeune recrue de l’armée.
Le général Shiko Tshitambwe, Sous-Chef d’État-major chargé des opérations, a tenu à encourager ces nouvelles recrues, en les appelant à l’amour de leur patrie, et “à éviter tout acte tendant à la trahison”.
Depuis le 7 novembre, les FARDC ont effectué des bombardements sur quelques positions du M23 en groupement à Jomba. Des frappes aériennes ont également ciblé les collines de Tchanzu, Musongati, Sabinyo et bien d’autres, avec comme objectif de déloger les rebelles du M23 qui ont accusé le gouvernement congolais d’avoir bombardé des zones occupées par des habitants.
Malgré cette mobilisation, et un certain sursaut national inédit, les rebelles semblent continuer de garder leurs positions et voire même d’avancer un peu plus depuis quelques jours vers la ville de Goma.