Affirmation :
« Le Burkina va faire recours aux serpents et à la sorcellerie pour lutter contre les terroristes ». Propos attribués à Kalifara Sere par le journal en ligne ‘’Coupsfrancs’’.
Résultats :
Faux ! Kalifara Sere n’a pas déclaré que le Burkina fera recours aux serpents et à la sorcellerie pour lutter contre les terroristes. Ses propos ont été déformés et sortis de leur contexte.
Un titre survendeur du journal people Coupsfrancs soutient mensongèrement que le Burkina Faso va faire recours aux serpents, aux abeilles et à la sorcellerie pour vaincre les terroristes.
Dans une publication le 31 août 2022, le journal people en ligne Coupsfrancs animé essentiellement par le journaliste Rémi N’Gono, a titré que « Le Burkina va faire recours aux serpents et à la sorcellerie pour lutter contre les terroristes ». Le journal a écrit plus loin que le Burkina Faso « a des abeilles de guerre, des pythons, des caïmans sacrés, des statuts qui constituent le fondement de nos valeurs ancestrales. Ils sont dix fois plus puissants que les VDP (Volontaires pour la Défense de la Patrie, NDLR). On peut s’en servir pour lutter contre les groupes armés».Ces propos ont été attribués à Kalifara Sere, ancien secrétaire général du ministère de l’administration territoriale du Burkina Faso, alors qu’il co-animait une conférence publique sur le terrorisme au Sahel, organisé par la Société burkinabè de géopolitique (SBG) le 27 août 2022 à Ouagadougou.
Contacté par Fasocheck, Kalifara Sere a reconnu en partie son propos. « Je n’ai pas parlé de sorcellerie mais j’ai évoqué la culture comme potentielle aide dans la lutte contre le terrorisme ». L’administrateur civil a indiqué qu’il répondait à une question d’un participant dans l’assistance qui l’interrogeait sur « la contribution des valeurs culturelles dans la guerre contre le terrorisme au Burkina Faso ». C’est en réponse à cette question, a expliqué le conférencier, qu’il a rappelé que selon certaines traditions orales du Burkina Faso, pendant les guerres, « on utilisait des abeilles, des pythons, des caïmans sacrés dans la guerre ». Et, même si « pour une raison ou une autre, cela ne marchait pas ou ne marche pas toujours (…) on peut s’en servir pour lutter contre les groupes armés » a poursuivi Kalifara Sere.
Le gouvernement burkinabè a-t-il officiellement décidé de recourir à la sorcellerie et aux animaux sauvages comme le dit le journal people ?
Il n’y a « à mon sens aucune décision officielle sur la question. En tout cas pas de façon ostentatoire » a répondu Kalifara Sere.Le Burkina Faso fait face au terrorisme depuis 2015 et compte 1,9 million de dépalcés internes. Pour suppléer ses carences dans le maillage sécuritaire de son territoire, l’Etat burkinabè a institué en 2020 les volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des civils chargés de la défense et de la sécurisation de certaines localités. Le premier ministre burkinabè, Albert Ouédraogo, dans un entretien sur la situation de l’Etat le 23 août 2022, a annoncé la transformation à venir des VDP en groupes communaux de veille et de défense patriotique.
Conclusion : Les propos de Kalifara Sere ont été sortis de leur contexte par le journal people Coupsfranc dans le but d’attirer des clics, en plagiant en partie une publication du quotidien burkinabè Wakat Sera. S’il reconnait avoir parlé d’une possible contribution des valeurs culturelles dans la lutte contre le terrorisme, Kalifara Sere n’a pas affirmé que « le Burkina va faire recours aux serpents et à la sorcellerie pour lutter contre les terroristes ». A nos jours le gouvernement burkinabè n’a pas communiqué sur pareille perspective.
Fact-checkeur
Adnan Salif Sidibé
Editeurs
Ange Lévi Jordan Méda
Boureima Salouka