Les événements liés au putsch militaire du 30 septembre 2022 au Burkina Faso ont drainé dans leur sillage une vague de fausses informations largement diffusées sur les réseaux sociaux. Avec notre partenaire Fasocheck nous revenons sur les plus emblématiques d’entre elles à travers une série baptisée #RetourSurFake.
Episode 1 : des parachutistes français ont-ils vraiment sauté au-dessus du camp Ouézzin Coulibaly de Bobo-Dioulasso en vue de sauver le Président-soldat Damiba ?
Des soldats burkinabè s’entraînant au parachutage présentés faussement dans une vidéo comme des légionnaires français venus tirer d’affaire le Lieutenant-Colonel Paul Henry Sandaogo Damiba lors du coup d’État du 30 septembre 2022 au Burkina Faso.
La video d’un avion militaire larguant des parachutistes dans le camp Ouezzin Coulibaly de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du Burkina Faso, à 365 kilomètres à l’Ouest de la capitale Ouagadougou, a été diffusée le 30 septembre 2022, alors que débutait le même jour, dans la capitale le putsch qui va finalement renverser le Lieutenant-Colonel Paul Henry Sandaogo Damiba, deux jours plus tard.
Largement partagée dans les groupes WhatsApp et sur les réseaux sociaux, des commentaires sur la vidéo ont laissé croire qu’il s’agissait de « parachutistes de la junte française » et de « Légionnaires français » largués à Ouagadougou pour sauver la mise à « leur poulain » ou « leur fils Henry Damiba ».
L’expression « junte française » a été employée par le Premier ministre intérimaire malien, Abdoulaye Maïga, qui désignait ainsi la France le 24 septembre 2022, lors de son discours à la 77e session de l’Assemblée générale des Nations-Unies à New-York.
Les images ont été bel et bien filmées à Bobo-Dioulasso
Nous avons recueilli des témoignages d’habitants de Bobo-Dioulasso. Ils confirment tous qu’un parachutage a eu lieu le 30 septembre 2022 dans la matinée, au-dessus du camp militaire Ouezzin Coulibaly. Selon des riverains du camp, le largage regulier de parachutistes a commencé plus d’un mois avant le putsch.
De quoi s’agit-il exactement ?
Nous avons joint des sources au sein de l’armée burkinabè qui ont reconnu que des exercices de sauts para ont effectivement eu lieu le vendredi 30 septembre 2022 à Bobo-Dioulasso, avec des militaires burkinabè qui se forment pour leur brevet de parachutisme militaire. L’avion utilisé, un Hercule C130, appartient à l’armée nigérienne qui le prête au Burkina dans le cadre de la coopération militaire entre les deux pays.
Des exercices similaires sont courants. En 2021, le même avion nigérien avait servi au transport des élèves officiers d’active (EOA) et des élèves officiers issus des rangs (EOIR) de l’armée Burkinabè lors de leur stage pour l’obtention du brevet de parachutiste.
Le Burkina Faso qui ne dispose pas dans sa flotte d’un avion capable de larguer des parachutistes a déjà eu recours à des avions sénégalais et marocains pour ces types d’exercices. En 2018, sur le compte de la loi budgétaire 2018-2022, le Burkina Faso a commandé auprès d’Airbus un avion de transport de troupes C295 qui a été livré en novembre 2021.
Dans son organisation, l’armée burkinabè compte deux régions aériennes, Ouagadougou et Bobo-Dioulasso dont la région militaire abrite le régiment de parachutistes Commandos (RPC).
Conclusion
L’allégation qui sous-tend que des légionnaires français ont été largués le 30 septembre 2022 à Bobo-Dioulasso pour venir prêter main forte au Lieutenant-Colonel Damiba est fausse. Les parachutistes aperçus dans la vidéo sont des soldats burkinabè qui se préparent pour le passage de leur brevet de parachutisme militaire.
En partenariat avec Fasocheck