Leader politique cap-verdien et Bissau-Guinéen, Amilcar Cabral est assassiné le 20 janvier 1973 en Guinée Conakry. Retour sur la vie de ce révolutionnaire et le père de l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert.
20 janvier 1973. Six mois avant l’indépendance de la Guinée-Bissau. Amilcar Cabral, leader politique emblématique de ce territoire sous domination portugaise, est assassiné à Conakry en Guinée par des membres de la branche militaire de son parti, en relation avec des agents des autorités portugaises.
Fondateur du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert
Fondateur du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (en Portugais Partido Africano da Independência da Guiné e Cabo Verde), Amilcar Cabral est un véritable révolutionnaire. Surnommé le « Lénine africain », il mena une véritable lutte, pacifiste puis armée, pour l’indépendance de ces deux pays qui étaient colonisés par le Portugal.
Né le 12 septembre 1924, en Guinée portugaise (actuelle Guinée-Bissau), Amilcar Cabral alias Abel Djassi est un agronome de formation. Il étudia à Lisbonne où il a noué des relations avec des militants de la libération des colonies africaines.
Rentré en Guinée-Bissau, il tente d’organiser sous couvert d’activités culturelles et sportives une organisation politique nationaliste à Bissau en 1954. Mais les autorités coloniales ont très vite compris et interdit son association. Cabral est expulsé. Il se retrouve en Angola où il y met près de quatre ans. Autorisé à rentrer en Guinée portugaise une fois par an, il fonde clandestinement en 1956 avec Luis Cabral (futur président de la Guinée-Bissau), Aristides Pereira (futur président du Cap-Vert), Abilio Duarte (futur président de l’Assemblée nationale du Cap-Vert) et Elisée Turpin le PAIGC.
Assassinat d’Amilcar Cabral avant les indépendances
Présent au Caire en Egypte en 1961, où il a pris part à la troisième Conférence des peuples africains, il a marqué les esprits en reprenant la formule de Lénine, sur la nécessité de « l’analyse concrète de chaque situation concrète » pour repousser le colonialisme. Il effectue dans les mois et années qui suivent une analyse détaillée des « divisions et contradictions » des sociétés guinéenne et cap-verdienne, de façon à comprendre quels groupes sociaux sont les plus à même de soutenir la lutte contre le colonialisme.
Après avoir cherché sans succès une issue pacifique au statut colonial de la Guinée et des îles du Cap-vert, le PAIGC s’oriente en 1963 vers la lutte armée et se bat contre l’armée portugaise sur plusieurs fronts à partir des pays voisins, la Guinée Conakry et la Casamance, province du Sénégal. Il parvient peu à peu à gagner du terrain, contrôlant 50 % du territoire en 1966 et 70 % à partir de 1968 et met en place de nouvelles structures politico-administratives dans ces régions. Parallèlement, il déploie une activité diplomatique très intense pour faire connaître son mouvement et en légitimer l’action auprès de la communauté internationale. En 1972, les Nations unies ont fini par considérer le PAIGC comme « véritable et légitime représentant des peuples de la Guinée et du Cap-Vert ». Mais il sera assassiné un an plus tard avec cette reconnaissance onusienne par des membres de la branche militaire du parti, en relation avec des agents des autorités portugaises. Son combat a porté des fruits avec l’indépendance de la Guinée-Bissau en juin 1973 et celle du Cap-Vert le 10 septembre de la même année.
Amilcar Cabral, un esprit révolutionnaire toujours vivant
50 ans après son assassinat, Amilcar Cabral est immortel comme les autres pairs de l’indépendance des territoires africains. Dans de nombreux pays africains, et même européens, son nom est donné à des infrastructures scolaires, routières, aéroportuaires. Des lycées Amilcar Cabral au Mali, au Burkina Faso, du Congo, en Guinée, un boulevard à Fort-de-France en Martinique, l’aéroport international à Sal au Cap-Vert, le quartier Bairro Amilcar Cabral de Sines au Portugal sont autant d’exemples de l’immortalité de ce leader.