Souvent cité comme champion de la bonne gouvernance politique et économique sur le continent, le Cap-Vert tient à garder cette réputation de premier de la classe en essayant sans cesse d’innover. Le pays cherche aujourd’hui à séduire de nouveaux investisseurs pour diversifier son économie durement touchée par la crise du Covid.
État insulaire situé au large de la côte nord-ouest de l’Afrique, le Cap-Vert est réputé pour sa culture créole afro-portugaise, sa musique morna et ses nombreuses plages, mais pas que ! Désireux de montrer les opportunités d’investissements, le gouvernement capverdien s’est associé à une initiative privée pour organiser à Paris, le 22 avril, le premier salon international des entrepreneurs et investisseurs pour la promotion et le développement du Cap-Vert (SIEDCV). Eng Jorges SANTOS, Ministre des communautés du Cap-vert a répondu à nos questions à l’occasion de ce salon.
Quel est l’objectif du salon SIEDCV ?
Nous sommes venus ici à Paris pour faire la promotion de l’environnement d’investissement qui existe au niveau du Cap-Vert et produire des connexions avec les initiatives des entrepreneurs de la diaspora. Nous voulons créer de la valeur ajoutée entre le Cap-Vert et les entrepreneurs de la diaspora en permettant une facilité d’échanges entre les différents services, banques et institutions pour le développement de relations économiques durables avec notre pays. Sur ce salon plus de huit cents entreprises et trois cent exposants sont venus du Cap-Vert et d’ailleurs pour se rencontrer. C’est une initiative privée à laquelle nous, gouvernement du Cap-Vert avons décidé de nous associer.
Quelles sont aujourd’hui les opportunités d’investissement au Cap-Vert ?
Le Cap-Vert est composé à 90% d’eau de mer, c’est un pays maritime. De ce fait tout ce qui est en lien avec l’eau est une opportunité d’investissement : la pêche, les sports nautiques, l’aquaculture, les activités sous-marines.
Le Cap-Vert bénéficie d’une dimension touristique au niveau mondial avec 1 million de touristes par an, une augmentation de 12% à 13% par an. Cela représente 25% de notre PIB. C’est une opportunité pour les investisseurs touristiques sous toutes ses formes : Il y a le secteur balnéaire, culturel, sportif, écologique, ou sanitaire (le climat est très attirant). Nous travaillons à la diversification des offres sur notre île mais mettons un point d’honneur à ce que les projets préservent l’écosystème naturel du pays, car c’est notre richesse.
La prestation de services est également un secteur important pour les investissements. Notre position géostratégique donne un avantage important. Le Cap-Vert est situé au milieu du monde. Il est donc un relais pour tous les secteurs en lien avec le transport, la télécommunication ou les technologies en direction de l’Afrique.
Enfin, toute l’eau qui est consommée au Cap-Vert est désalinisée car nous n’avons pas d’eau de source, nous la produisons pour la consommer et pour l’agriculture. Nous avons un gros besoin d’investissement sur les eaux et l’assainissement.
Qui sont les investisseurs aujourd’hui au Cap-Vert
La majorité des touristes qui viennent au Cap-Vert sont anglais, ce pays est celui qui mobilise le plus de touristes, ensuite viennent les français et les allemands.
Il y a beaucoup d’intérêt des investisseurs africains pour développer des projets au Cap-Vert. L’un de nos plus grands investisseurs du continent vient du Cameroun, il a construit un hôtel Sheraton au Cap-Vert. D’autres grands investisseurs africains s’intéressent au pays, notamment venus du Mali.
Aujourd’hui sur le salon, nous nous sommes entretenus avec l’investisseur français qui a construit le Hilton du Cap-Vert. Il vient de nous annoncer aujourd’hui sur le salon, qu’il va doubler la taille de l’hôtel, pour un investissement d’une valeur de 57 millions de dollars.
Comment pouvez-vous rassurer les futurs investisseurs ?
Nous sommes un pays sûr sans problème d’instabilité politique. Avec trente-cinq ans de démocratie, nous sommes les champions de la démocratie en Afrique. Notre pays a une sécurité juridique et une stabilité qui sont très rassurantes pour les investisseurs.
Le Cap-Vert ouvre aussi une porte sur un marché important, celui de la CEDEAO ( la communauté des États de l’Afrique de l’Ouest) qui représente 340 millions de personnes. Nous sommes à une heure de vol du Sénégal donc nous rentrons dans les livres de commerce africains. Toutes les entreprises qui viennent investir au Cap-Vert s’orientent ensuite vers le continent pour multiplier leurs investissements, donc nous sommes une fenêtre sur le continent.
Notre situation géographique apporte également plusieurs atouts. Nous sommes un point central pour créer une économie de circulation notamment pour les investisseurs qui veulent aller depuis l’Amérique par exemple, vers l’Afrique, mais le point le plus important c’est la sécurité apportée par cette position de zone tampon.
Nous accordons également une attention toute particulière à la préservation de notre environnement. Les entreprises qui veulent investir au Cap-Vert doivent proposer des projets qui sont soumis à des études de faisabilité en ce sens. C’est une garantie pour les autres entreprises que nous ne sélectionnons que des projets qui vont maintenir la valeur de notre patrimoine.
Vous lancez un label GreanBound pour attirer les investisseurs de la diaspora, pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous lançons le label GreanBound pour soutenir les projets verts venus de l’extérieur et notamment de nos communautés. Tous les projets qui seront respectueux de l’environnement pourront profiter d’appui du Cap-Vert et pourront rentrer dans le réseau international des marques vertes.
Nous avons une relation très forte avec le Luxembourg et les Pays Bas car notre communauté y est très importante. 11% de la population du Luxembourg est capverdienne.
C’est tout naturellement que nous avons construit ce partenariat avec le Luxembourg pour proposer aux entrepreneurs de la diaspora d’investir de manière « verte » sur nos îles.