En avril dernier plusieurs communautés de pêcheurs se sont affrontées dans les villes côtières de Kayar et Mboro. La bataille rangée avait fait au moins un mort et plusieurs blessés. Au cœur des tensions : l’utilisation par certains acteurs de filets interdits. Ce conflit vient mettre à jour la raréfaction du poisson dans les eaux sénégalaises.
La pêche illégale, un phénomène régional
Ces dernières années en Gambie, l’ONG Sea Sheperd a aidé les autorités à lutter contre la pêche illégale en menant des opérations conjointes avec la Marine gambienne qui s’occupe ensuite des arrestations. Une coopération que salue les autorités. “Nous avons besoin de plus gros bateaux qui puissent rester en mer pendant un ou deux mois. Mais grâce à Sea Sheperd, nous pouvons faire notre travail”, raconte un Sergent de la Marine gambienne. “Les arrestations sont accompagnées d’amendes qui engendrent d’importants revenus pour le gouvernement. Ces arrestations et la présence de patrouilles dans les eaux gambiennes permettent de dissuader et d’empêcher les navires de pêche industrielle de pénétrer dans la zone réservée aux pêcheurs artisanaux”, précise Peter Hammarstedt, Directeur des campagnes internationales de Sea Sheperd et capitaine du Bob Barker.
Côté sénégalais la surveillance des eaux et la lutte contre la pêche illégale se fait notamment en coopération avec la marine française qui dispose dans le pays d’un Falcon 50. Celui-ci décolle au moins une fois par semaine pour surveiller les activités de pêche dans les eaux sénégalaises. “Nous embarquons un inspecteur de la DPSP (Direction de la Protection et de la Surveillance des Pêches ndlr.) sénégalaise à bord pour allier effectivement notre savoir-faire au sein de l’aéronef, la vitesse du vecteur et aussi la connaissance de la zone de l’inspecteur des pêches sénégalais. Donc, il y a vraiment un travail de coopération et de coordination qui fonctionne très bien jusqu’à maintenant. Donc on reporte les éléments factuellement nous de notre côté et ensuite l’inspecteur des pêches, au travers la DPSP, choisit de la suite à donner si toutefois il y a des infractions qui sont remontées sur ces vols”, raconte Lieutenant de vaisseau Mathieu, chef de bord du Falcon 50 à nos confrères de l’AFP.
Les Falcon détachés à tour de rôle à Dakar ont contrôlé près de 600 bateaux en 2022, selon la Marine française. Ils ont aussi mené 25 missions de secours dans la sous-région depuis 2020 et participent à la lutte contre le trafic de drogue. Les experts reconnaissent les efforts fournis par le Sénégal pour combattre la pêche illégale. Mais ils s’alarment de l’inadéquation des moyens face à l’ampleur d’un phénomène qui, selon l’ONG Environmental Justice Foundation, “fait perdre plus de 270 millions de dollars de revenus au Sénégal chaque année” et “menace la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de centaines de milliers de personnes”