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Fin de la Minusma : ce qui est désormais autorisé à la mission onusienne malgré la fin de son mandat

01 juillet 2023
6 min

Fin de la Minusma : A la demande du gouvernement malien de transition, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution mettant fin au mandat de la Minusma [Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali], à compter du 30 juin 2023. En théorie, son départ doit être effectué entre 1er juillet et le 31 décembre 2023. En attendant, elle est autorisée à assumer certaines fonctions.

Fin de mandat de la Minusma : ce qui est désormais autorisé à la mission onusienne  malgré la fin de son mandat
Patrouille des casques bleus de l’ONU au Mali (Minusma)

Initialement annoncée pour le jeudi 29 juin, la réunion du Conseil de sécurité sur le sort de la Minusma s’est finalement tenue ce vendredi 30 juin. Les 15 membres du Conseil ont adopté à l’unanimité une résolution qui acte la fin de la Minusma, la mission onusienne au Mali, après dix ans de présence. Le texte de cette résolution a été présenté par la France, pays avec lequel Bamako est en froid depuis le second coup de force en mai 2021. Alors que le gouvernement malien avait annoncé le 1er mars dernier — dans une lettre adressée au président en exercice d’alors du Conseil de sécurité, l’ambassadeur du Mozambique auprès des Nations Unies, Pedro Comissario Afonso — sa décision de retirer à Paris son statut de porte-plume des résolutions concernant le Mali au Conseil de sécurité.

Selon cette nouvelle résolution portée par la France, le processus du retrait de la Minusma se déroule du 1er juillet au 31 décembre 2023, soit six mois au total pour quitter le Mali. Le texte demande à la Mission de l’ONU « de commencer immédiatement, la cessation de ses opérations et le transfert de ses tâches ainsi que la réduction et le retrait de son personnel, de façon organisée et en toute sécurité, avec pour objectif que le processus soit achevé le 31 décembre 2023, en étroite consultation avec le Gouvernement de transition malien et en coordination avec les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police ».

Fonctions autorisées à la Minusma

Cependant, jusqu’au 30 septembre 2023, cette mission de maintien de la paix « est autorisée à répondre aux menaces imminentes de violence contre des civils et à contribuer à l’acheminement en toute sécurité de l’aide humanitaire sous la direction de civils ». Mais, cela devrait s’effectuer « sans préjudice de la responsabilité première des autorités maliennes et de concert avec elles, et agissant dans les limites de ses moyens et de ses capacités dans son voisinage immédiat ».

Autre décision : la Minusma est également autorisée par le Conseil de sécurité à assumer certaines fonctions jusqu’au 31 décembre 2023, « dans la limite de ses capacités et dans sa zone d’opérations au Mali, de concert avec le Gouvernement de transition malien et avec sa coopération », rapporte ONU Infos. Ces fonctions s’articlent au moins autour de six points :

Pourvoir à la sécurité du personnel, des locaux, des convois, des installations et du matériel des Nations Unies, ainsi qu’à celle du personnel associé ;

Continuer de surveiller les conditions régnant aux abords des sites de la MINUSMA ;

Escorter le personnel civil et en tenue des Nations Unies dans ses fonctions d’appui ;

Procéder à des opérations d’extraction de membres du personnel des Nations Unies et d’agents de l’action humanitaire en danger ;

Fournir un appui médical, y compris l’évacuation sanitaire des membres du personnel des Nations Unies ;

Mettre en place une communication stratégique efficace pour renforcer sa protection.

La liquidation de la Minusma est quant à elle prévue à partir du 1er janvier 2024. Pendant cette période de liquidation, il est prévu de maintenir sur place « une unité de garde composée d’effectifs existants de la Mission, afin de protéger le personnel, les installations et les biens de la Mission ».

Continuité de la coopération entre Mali et Bureau des Nations Unies

Par la voix de son ambassadeur auprès des Nations Unies, le diplomate Issa Konfourou, le gouvernement malien de transition dit prendre acte de cette résolution votée à l’unanimité au Conseil de sécurité, mettant fin au mandat de la Minusma à compter du 30 juin 2023. Le gouvernement y voit une suite favorable à sa « demande sans délai » du départ de la Mission formulée vendredi 16 juin à New-York. « Le Gouvernement du Mali note qu’aux termes de la résolution adoptée aujourd’hui [vendredi], le processus de retrait de la Minusma commencera dès le 1er juillet pour se terminer le 31 décembre 2023. Le Gouvernement du Mali tient et veillera au respect des engagements pris à cet égard », a déclaré l’ambassadeur Issa Konfourou, tout en saluant la contribution de la Mission dans plusieurs « domaines, notamment en matière d’assistance humanitaire, sociale et les missions de bons offices du Représentant spécial du Secrétaire général ». Néanmoins, il a tenu à rappeler dans sa déclaration que les raisons qui ont poussé Bamako à demander ce départ, ont été exprimées par le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop.

António Guterres, actuel Secrétaire général de l’ONU, dit également prendre note de cette résolution du Conseil de sécurité. Selon son porte-parole adjoint, Farhan Haq, dans une déclaration à la presse, le chef des Nations Unies « appelle à la pleine coopération du Gouvernement de transition pour un retrait ordonné et en toute sécurité du personnel et des biens de la Mission dans les mois à venir, rappelant l’engagement du Mali à respecter l’Accord sur le statut des forces jusqu’au départ du dernier élément de la Mission ». Rappelant aussi “l’importance de l’Accord” d’Alger, il a invité « les parties signataires à continuer d’honorer le cessez-le-feu alors que la Minusma se retire ».

Pendant les 10 ans de son déploiement au Mali, la Minusma a comptabilisé pour le moment la mort de 309 membres de son personnel. Son départ est certes acté, mais l’ONU continuera sa coopération avec l’État malien, à travers « l’équipe de pays des Nations Unies au Mali, le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) et d’autres partenaires », a voulu rassurer António Guterres.

Par ailleurs, il est à rappeler que le départ annoncé de la Minusma est intervenu après celui de la force française Barkhane, mais aussi du retrait du Mali de la force conjointe du G5 Sahel.