En août 2022, le président français Emmanuel Macron s’est rendu en Algérie dans le but de relancer les relations entre les deux pays. Un accord a été signé à cette occasion et une nouvelle page s’est ouverte dans l’histoire des liens entre ces deux nations. Dans la foulée, les deux présidents se sont entendus, en janvier, sur le principe d’une visite du chef de l’Etat algérien à Paris. Mais aucune date n’était fixée.
Désormais, la date est connue. Selon des sources concordantes, sauf dégradation de la situation sécuritaire en France à cause notamment des manifestations populaires en signe de protestation contre la loi sur les retraites, le président algérien devrait effectuer une visite en France du 02 au 03 mai. L’information n’est pas encore confirmée officiellement, mais des détails de cette virée commencent déjà à sortir, notamment du côté français. Ainsi, on apprend que le chef de l’Etat algérien sera accueilli dès son arrivée à l’aéroport Paris-Charles-De-Gaulle par son homologue français. Un privilège que n’accorde l’Etat français qu’à de rares souverains et au président américain.
En plus des entretiens bilatéraux, le président algérien, qui sera accompagné d’une forte délégation constituée de ministres et d’hommes d’affaires, prononcera un discours devant les parlementaires français, réunis en Congrès au Palais de Versailles, comme ce fut le cas pour son prédécesseur, Abdelaziz Bouteflika, qui avait eu ce privilège en juin 2000. Ce sera l’occasion de louer les retrouvailles entre les deux nations qui entretiennent des relations fluctuantes depuis de longues années. Puis, Abdelmadjid Tebboune visitera la grande mosquée de Paris, dirigée par un Algérien comme c’est le cas depuis son édification il y a un siècle, et rencontrera des représentants de la communauté algérienne établie en France.
Cette visite du président algérien en France sera couronnée par des symboles. A l’exemple de hommage qui sera rendu à l’Emir Abdelkader, un dirigeant de la résistance algérienne contre la colonisation française, qui était détenu au Château d’Amboise (Centre de la France) entre 1848 et 1852. Une fresque dédiée à ce chef de guerre et poète y est déjà érigée depuis 2022 sur recommandation de l’historien français Benjamin Stora. Résistant durant plus de 15 ans, l’Emir Abdelkader s’est fait prisonnier en 1847. Il sera libéré en 1852 pour partir à Damas (Syrie) où il meurt en 1883.
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Cette visite sera marquée par la signature de quelques accords économiques et connaîtra, très probablement, des gestes symboliques. La France pourra par exemple rendre à l’Algérie quelques reliques ou des ossements humains pris durant les premières années de l’indépendance. En juillet 2020, l’Algérie a pu récupérer 24 crânes de résistants à la conquête coloniale. Jusque-là, les ossements étaient entreposés au Musée des Sciences de l’Homme à Paris. L’Algérie réclame d’autres restes de ses résistants et des pièces d’armes, comme le canon « Baba Merzoug » qui date de la période ottomane (fabriqué aux environs de 1552). Cette arme, prise par l’armée française au début de la colonisation, est rebaptisée « la Consulaire » et se trouve aujourd’hui au centre-ville de Brest, en France.
Cette visite d’Etat du président Abdelmadjid Tebboune à Paris a failli être compromise. Le 8 février dernier, l’Algérie avait rappelé son ambassadeur à Paris pour « consultation » après l’arrivée en France d’Amira Bouraoui, une activiste algéro-française, qui avait fui l’Algérie par la Tunisie. Mais un échange téléphonique entre Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, le 23 mars, a remis la virée au goût du jour. Jusqu’à présent, les préparatifs vont bon train des deux côtés de la Méditerranée.