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Algérie : Visite de Tebboune à Moscou mais pas d’alignement en vue 

12 juin 2023
4 min

Annoncée de longue date avant d’être décalée, la visite de Tebboune, à Moscou aura finalement lieu ce mercredi 14 juin. Le président algérien s’entretiendra, jeudi, avec son homologue russe, Vladimir Poutine.

tebboune a mosucou tama media
Poignée de main entre Abdelmadjid Tebboune et Vladimir Poutine sous le regard d’Abdel Fattah al-Sissi, à Berlin, le 19 janvier 2020, lors d’une conférence sur la Libye.

Cela devait être une visite d’Etat, mais la situation géopolitique, marquée par la guerre en Ukraine, a transformé la visite à Moscou du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, en visite de travail. Cela ne diminue en rien son importance. Le chef de l’Etat sera en effet accompagné d’une forte délégation composée de ministres, de cadres supérieurs et de certains hommes d’affaires. 

Si la présidence algérienne et le ministère des Affaires étrangères n’ont pas encore communiqué sur le sujet, des sources médiatiques et diplomatiques ont donné un aperçu de ce qui caractérisera cette visite de Tebboune à Moscou. En plus des discussions entre les deux parties, qui porteront essentiellement sur des questions politiques et diplomatiques, d’importants contrats économiques et surtout militaires seront signés. Différentes sources indiquent en effet que les deux parties vont notamment parapher un contrat de vente de nouvelles armes russes à l’Algérie. Le contrat porterait sur une somme de 7 milliards de dollars portant notamment sur l’acquisition de nouveaux avions et des systèmes de défense. Pour cela, le chef d’État-Major de l’armée algérienne, le Général d’armée Said Chengriha, a reçu la semaine dernière Dimitri Chougaev, directeur du Service fédéral pour la coopération militaire et technique de la Fédération de Russie. La visite visait notamment à terminer les derniers réglages pour les contrats à signer lors de la visite présidentielle.

L’opération séduction

En plus de l’armement, les deux pays ont une coopération stratégique dans le domaine de l’énergie. L’Algérie et la Russie sont en effet deux pays très influents au sein de l’OPEP+. Moscou et Alger coopèrent également de manière étroite au sein du forum mondial du gaz. 

Pays disposant d’une position géostratégique importante, l’Algérie ambitionne d’intégrer le groupe des pays des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). « Comme première étape, nous allons mettre en place des critères, les spécificités et des conditions pour acceptation de nouveaux membres dans notre groupe et l’Algérie, vu ses caractéristiques et toutes ses spécificités, est évidemment en tête de la liste des prétendants », a en effet confirmé Sergueï Lavrov une interview consacrée à l’Algérie accordée à la version arabophone de Russia Roday (RT, étatique). Il a rappelé dans ce sens que le président algérien avait participé par visioconférence à un sommet des Brics qui s’était déroulé en juin 2022 sous la présidence du chef de l’Etat chinois, Xi Jinping. « Plus que pour des raisons économiques, c’est pour sa position géostratégique que l’Algérie » pourrait intégrer les Brics, expliqué économiste algérien Smaïn Lalmas.

Coopération mais pas alignement

Malgré cette visite qui intervient en pleine guerre d’Ukraine, l’Algérie tient à exprimer publiquement son « non-alignement ». « Nous essayons d’expliquer que nos relations avec la Russie ne relèvent pas d’une appartenance militaire ou d’un alignement idéologique. Nous sommes un État qui prône le juste milieu. Nous nous considérons comme des amis des États-Unis. S’ils ont le même sentiment par rapport à l’Algérie, il n’y a pas de problème. Notre politique est celle du non-alignement. Nous traitons avec la Russie et avec les États-Unis. Aujourd’hui, la plus grande entreprise pétrolière activant en Algérie est américaine », a développé récemment Abdelmadjid Tebboune dans une interview accordée à la chaîne qatarie Al-Jazeera.

Par Ali Boukhlef

Correspondant à Alger, Algérie