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Sécurité

Mali : "aucun ressortissant civil de Moura n’a perdu la vie", le pouvoir de Bamako se dresse contre les accusations de l'ONU

15 mai 2023
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En réaction au rapport accablant de l’ONU sur les événements de Moura du 27 au 31 mars 2022, publié le vendredi, les autorités maliennes soutiennent qu’« aucun ressortissant civil » du village n'a été tué lors d'une opération offensive de l’armée nationale et ses partenaires russes.

https://twitter.com/tamamediainfo/status/1657335499835490304?t=YaF2Qq-2hYqMOCmQtjj1SA&s=19

Dans la soirée de samedi, le gouvernement malien de transition a dénoncé le rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, documentant les douloureux événements survenus du 27 au 31 mars 2022 à Moura, village situé dans le cercle de Djenné, à Mopti. Pour le pouvoir de transition, c'est un « rapport biaisé, reposant sur un récit fictif et ne répondant pas aux normes internationales établies ». Alors que la mission d’établissement des faits a déclaré de son côté avoir réalisé « 157 entretiens individuels avec une variété de sources », 11 entretiens de groupe avec des personnes qui ont « une connaissance directe de l’incident ».

Selon toujours la mission onusienne d’établissement des faits, elle a aussi effectué « des séances de travail avec des acteurs humanitaires, les agences des Nations Unies, les leaders politiques, les institutions étatiques des droits de l’Homme, les associations et organisations faitières ainsi que les leaders religieux et traditionnels ».
Le gouvernement malien rejette donc cette « méthodologie du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme » selon laquelle, en croire le rapport de 41 pages, l’enquête a été conduite sur « une période de sept mois, soit du 1er avril au 30 octobre 2022 à Bamako, Douentza, Mopti, Ségou et Sikasso ». Dans sa déclaration lue à la télévision nationale, dans le 20h du samedi, le pouvoir de Bamako explique son choix de n’avoir pas jugé nécessaire d’apporter « de commentaire au cours de élaboration » du document en raison de sa méthodologie, celle du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme.

Enquête de la justice malienne toujours en cours

Par la voix de son porte-parole, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre d’État, de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, les autorités maliennes affirment qu’ « aucun ressortissant civil de Moura n’a perdu la vie pendant l’opération militaire » offensive anti-djihadiste, menée par les Forces armées maliennes (FAMa) et ses partenaires russes. « Parmi les morts, il n’y avait que des combattants terroristes et toutes les personnes interpellées ont été mises à la disposition de la Gendarmerie de Sévaré. Après enquête, les personnes interpellées ont été transférées au Service d’lnvestigations judiciaires de la Gendarmerie Nationale de Bamako, puis mises à la disposition de la justice », fait croire le colonel Abdoulaye Maïga, celui qui a assuré l’intérim de chef gouvernent pendant plusieurs mois. Au moment des faits, le bilan officiel faisait état d’au moins "200 terroristes" tués.

« Au regard des informations collectées, vérifiées et corroborées par la mission d’établissement des faits, le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme a des motifs raisonnables de croire qu’au moins 500 personnes auraient été tués en violation des normes, standards, règles et/ou principes du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire entre le 27 et le 31 mars au cours de l’opération militaire à Moura », a conclu le rapport que Bamako rejette en bloc. Pour rappel, le procureur près du tribunal militaire de Mopti a annoncé — le 6 avril 2022 — que des enquêtes sont ouvertes. Selon le ministre colonel Abdoulaye Maïga, « cette enquête poursuit son cours ».

« Le Gouvernement du Mali est déterminé à faire aboutir cette procédure, dans le respect strict des droits de l’Homme et en toute indépendance », a voulu rassurer le porte-parole du gouvernement malien de transition, habillé en treillis. Accusant au passage les auteurs du rapport onusien d'avoir orchestré « complot militaire », « espionnage, et une atteinte à la sûreté extérieure de l’État ». La commission onusienne d’établissement des faits, qui n’a pas manqué de mentionner dans son rapport les défis rencontrés lors de ses travaux d’enquête.

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