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Sécurité

Mali : un départ "immédiat" de la Minusma est-il possible ?

26 juin 2023
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Mali : un départ "immédiat" de la Minusma est-il possible ?

Un départ immédiat de la Mission onusienne du Mali est-il possible ? Quelles pourraient être les conséquences de l'éventuel retrait de cette mission de l'ONU, au budget annuel de 1,2 milliards de dollars ? Nous avons posé la question à quelques observateurs et spécialistes du droit.

Manifestation à Bamako contre la Minusma

"On ne démantèle pas une mission en un jour".

Pour plusieurs observateurs contactés, le rapport onusien, réalisé sur les événements de Moura, accablant des membres des forces armées maliennes et leurs partenaires russes, peut expliquer en grande partie ce qui a motivé ou précipité la demande de retrait sans délai de la MINUSMA, enfin formulée officiellement par le gouvernement malien. Toutefois, nos personnes ressources font observer que cette demande ne pourra pas être exécutée techniquement dans l’immédiat, prenant notamment exemple sur le cas de la mission onusienne de maintien de la paix en RDC , pays aussi déchiré par la guerre depuis plusieurs décennies.

« On ne démantèle pas une mission en un jour, moins encore par un claquement des doigts. », précise la diplomate guinéenne Bintou Keïta, cheffe de MONUSCO, sur la télévision nationale congolaise RTNC, rapporte le site internet de la mission dans une publication datée du 21 juin 2023. Celle-ci a été mise en ligne sous le titre "Bintou Keita : le départ de la MONUSCO est déjà enclenché, on ne démantèle pas une mission en un jour".

L'exemple de la Monusco en RDC

Cette mission onusienne de maintien de la paix en RDC, la MONUC, devenue MONUSCO en juin 2010, est présente dans le pays depuis 1999. Devenue impopulaire elle aussi en RDC, le gouvernement dit avoir « déjà pris en compte la demande de la population qui souhaite le départ de la MONUSCO ». A quand le départ ? Cette question revient sans cesse dans le débat public congolais et la presse locale, et peut-être les prochains jours au Mali en ce qui concerne la MINUSMA.

« Il faut éviter de tomber dans les pièges des fixations de dates, on doit organiser un départ structuré et civilisé pour permettre un transfert des compétences entre la MONUSCO et le gouvernement de la RDC », avance le porte-parole du gouvernement et ministre congolais de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, abondant dans le même sens que la diplomate guinéenne Bintou Keita.

Se basant notamment sur le fonctionnement et l’historicité des missions onusiennes de maintien de la paix, plusieurs spécialistes maliens des relations internationales et de questions de sécurité, contactés par Tama Média, estiment pour leur part que même si le départ de la MINUSMA venait à être acté, cela pourrait prendre plusieurs années, au moins un an, voire à la fin de la transition, avec un nouveau régime démocratiquement élu qui pourrait revenir sur la décision s'il le juge nécessaire. « Il faudra que les parties concernées mènent d’abord des négociations sur le calendrier et les modalités du départ demandé et cela pourrait prendre des années techniquement parlant, surtout en termes logistiques mais aussi la durée que pourra prendre la phase de négociation pour décider d'un retrait coordonné, en des bons termes. », analyse Mohamed , un enseignement-chercheur malien, spécialiste des relations internationales. A demi-mot, il nous a laissé entendre que le gouvernement malien est lui-même conscient de l’impossibilité de l’exécution d’un départ immédiat. Raison pour laquelle, à l’en croire, Bamako n’a pas souhaité donner de date dans ses déclarations, se contentant seulement de la mention « sans délai », laissant entendre qu’il reste « disposé à coopérer dans cette perspective ». Le contexte géopolitique du pays aussi, a-t-on noté de ses explications, ne favorise aucunement un retrait à l'immédiat.

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Plus gros contributeur de l'ONU, abritant son siège à New-York, le pays de l'Oncle Sam a apporté, via une déclaration publiée le 19 juin, son « soutien total à la MINUSMA et au représentant spécial du secrétaire général, El-Ghassim Wane, pour sa direction ». Regrettant "la décision du gouvernement de transition du Mali de révoquer son consentement à la MINUSMA" et ses conséquences sur la sécurité et les crises humanitaires sur les populations maliennes, les États-Unis estiment pour leur part que « le retrait doit se faire de manière ordonnée et responsable, en donnant la priorité à la sécurité des Casques bleus et des Maliens ». Pour rappel, le mandat actuel de la Minusma expire le 30 juin, le vendredi prochain. Sous quel format serait-il reconduit à New-York ?Comment la demande de retrait formulée par le gouvernement malien de transition sera examinée par les diplomates des pays siégeant au Conseil de sécurité ? Jeudi 29 juin prochain, un vote est prévu au Conseil de sécurité de l’ONU sur les modalités du renouvellement de la MINUSMA. Dores et déjà, le Portugais António Guterres, Secrétaire Général de l’ONU, a recommandé au Conseil de sécurité de reconfigurer la mission au budget annuel de 1,2 milliards de dollars, pour la rendre plus efficace, c'est-à-dire la reconduire dans "un format plus serré".

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