Le pouvoir de Ouagadougou a dénoncé, selon l’Agence d’information du Burkina (AIB), l’accord de 2018 encadrant la présence militaire française dans le pays.
Dans une dépêche datée du 21 janvier 2023, l’Agence d’information burkinabè (AIB) a révélé que le gouvernement burkinabè a dénoncé l’accord régissant, depuis 2018, la présence des forces armées françaises sur son territoire. Selon les sources de l’AIB, cette dénonciation a lieu le 18 janvier 2023. Elle donne un mois à la partie française, suivant les termes de l’accord du 17 décembre 2018, pour quitter le territoire burkinabè.
Dans le document dénonçant cet accord dont nous avons pu avoir copie, lequel est marqué confidentiel et adressé au ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, sous la référence N°2023 – 025/MAECRBE/CAB, c’est ce qui en ressort, confirmant les informations de l’AIB et de l’AFP. “Chaque partie peut dénoncer le présent accord par le biais d’une notification écrite. Cette dénonciation prend effet un mois après la réception de la notification écrite à l’autre partie », rappelle la lettre de notification en citant l’article 16 point 3 de l’accord signé le 17 décembre 2018. Lequel, pour rappel, est précédé par un autre signé le 9 janvier 2015, cité également dans la notification, indiquant que celui-ci “consistait l’outil juridique régissant la coopération militaire entre les deux États (Burkina Faso et République Française)” avant celui de 2018. Nous avons pu consulter l’accord de 2015, l’un des deux textes invoqués dans la notification.
A Paris, ce dimanche, Emmanuel Macron a dit “attendre des clarifications” du côté du pouvoir de capitaine Ibrahim Traoré, expliquant — lors d’une conférence franco-allemande dans la capitale française — préférer attendre que le président burkinabè de la transition “puisse s’exprimer”. “Je pense qu’il faut garder beaucoup de prudence, nous attendons des clarifications de la part de M. Traoré”, a déclaré le président français.
Confirmation officielle du gouvernement burkinabé
Après un silence, Ouagadougou a finalement confirmé qu’il avait bien demandé le départ des troupes françaises.
Pour rappel, cette force militaire de la France déployée au Burkina et composée de près de 400 membres des forces spéciales dans le cadre de la lutte anti-terroriste au Sahel, fait ces derniers mois l’objet de plusieurs contestations dans le pays des hommes intègres. Les protestateurs reprochent notamment à la France de ne pas faire assez pour aider le pays dans la lutte contre le terrorisme. Le 1er octobre 2022, au lendemain de la prise du pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré, suite au départ forcé du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, plusieurs intérêts français au Burkina Faso ont été saccagés — notamment les instituts français à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso.
Le mardi, 17 janvier, le capitaine Ibrahim Traoré avait déclaré devant des étudiants que “le combat pour la souveraineté [était] engagée”. Au cours de cette rencontre, il avait laissé entendre que dans “les heures à venir [ils verront] un certain nombre d’informations tendant à revoir nos relations avec certains États”. C’est entre autres dans ce contexte que la dénonciation de l’accord de 2018 intervient. Si l’information se confirme, les conséquences seront les mêmes qu’au Mali, c’est-à-dire un retrait des forces françaises du Burkina Faso.
Plusieurs mois de tensions
Plusieurs manifestations ont récemment eu lieu à Ouagadougou pour exiger le retrait de la France de ce pays du Sahel, région recouvrant plusieurs pays où Paris a engagé depuis près d’une décennie une vaste politique de lutte contre la propagation des groupes jihadistes, mais qui est sur le reculoir, et qui a notamment déjà dû quitter le Mali voisin à la demande des nouvelles autorités – qui ont aussi décidé de recourir aux services de Wagner selon plusieurs sources, ce que Bamako a toujours démenti.
Sur le Burkina, le président français a insisté lors de sa conférence sur le besoin de se méfier de la “manipulation” de l’information, “une spécialité de certains dans la région qui peuvent avoir partie liée au demeurant avec (…) nos amis russes”. Les autorités françaises accusent régulièrement la Russie ou ses services d’essayer de manipuler les opinions publiques sur le continent et d’attiser un sentiment anti-français.
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Tama Média avec AIB et AFP