Après plusieurs semaines d’accalmie, le groupe rebelle M23 est à l’offensive depuis le 20 octobre dans l’Est de la RDC. Elle s’est emparée de plusieurs localités sur un axe routier stratégique desservant Goma, grande ville stratégique de l’est.
Le gouvernement congolais qui accuse Kigali de soutenir les rebelles, a expulsé il y a quelques jours l’ambassadeur du Rwanda. Dans une adresse à la Nation jeudi 03 novembre, le président Félix Tshisekedi a encouragé les jeunes à rejoindre les rangs de l’armée et à participer à des “groupes de vigilance” pour participer à la lutte contre les groupes rebelles.
“Nous devons ensemble avoir conscience que nul autre que nous-mêmes ne viendra sauver notre nation et que cela exige de chacun de nous une mobilisation tous azimuts. Ne doutons jamais, qu’ensemble réfléchis et engagés nous puissions changer le monde”, a recommandé Félix Tshisekedi.
Sur un ton ferme et solennel, le président congolais est allé jusqu’à évoquer “son engagement à défendre la nation jusqu’au sacrifice suprême”. “La guerre qui nous est imposée exige des sacrifices”, a-t-il martelé. Le président a appelé au passage les congolais à “taire les divergences pour faire front” car dit-il “la nation a besoin de l’engagement de toutes ses filles et de tous ses fils.”
Appel à la jeunesse
“En réponse à la forte demande de la jeunesse, j’invite celle-ci à s’organiser en groupes de vigilance en vue d’appuyer, d’accompagner et de soutenir nos forces armées”, a lancé le chef de l’Etat congolais.
Un appel qui semble avoir été entendu. Depuis le discours du président, de nombreux jeunes notamment à Goma s’organisent en groupes de vigilance. Et d’autres ont commencé à s’enrôler dans l’armée.
Selon Placide Nzilamba, secrétaire technique au sein de la société civile du Nord-Kivu, la situation actuelle risque de constituer un élément déclencheur d’une guerre civile si la communauté internationale ne s’implique pas davantage dans la résolution du conflit. Il y a deux jours, les manifestants ont pris d’assaut la grande et petite barrière respectivement deux frontières reliant la ville de Goma à celle de Gisenyi au Rwanda avant d’être dispersés à coup de Gaz lacrymogènes par la police. Tout en dénonçant “l’agression” du Rwanda, les manifestants accusent la communauté internationale de “complicité et d’hypocrisie”.
“Nous voulons montrer à la face du monde que nous sommes un grand peuple et que nous ne devons pas être humiliés chaque jour par le Rwanda et l’Ouganda. Donc c’est une occasion de transmettre un message à la population de se mobiliser pour que nous puissions gagner cette guerre qui est injuste et injustifiée”, précise le secrétaire technique au sein de la société civile du Nord-Kivu.
Le mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA) appelle quant à lui, les autorités congolaises à “conclure très vite des accords militaires avec des pays amis en Afrique et en Occident, et même avec la Russie pour accélérer la lutte contre les groupes armés”.
La résurgence du M23…
Alors qu’il avait été défait par l’armée congolaise en 2013, c’est au mois d’Avril que le M23 est réapparu dans les collines de Tchanzu et Runyoni en territoire de Rutshuru où la plus grande majorité de ses éléments étaient cantonnés. En reprenant les attaques contre différentes positions de l’armée régulière, le mouvement avait accusé le gouvernement congolais de n’avoir pas mis en application les accords signés en 2013.
Selon un récent rapport publié par le bureau de Coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), les combats en cours ont obligé près de 40 000 personnes à fuir à l’intérieur du pays, et au moins 12 000 autres ont traversé la frontière ougandaise.