Décidée il y a un an lors du sommet Afrique-France à Montpellier, la “Fondation de l’Innovation pour la Démocratie” a été officiellement lancée le 5 octobre à Johannesbourg en Afrique du Sud. L’organisation sera présidée par le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne.
La création de la fondation était l’une des propositions phares de l’intellectuel camerounais Achille Mbembe chargé de préparer le sommet Afrique-France de Montpellier. L’institution aura son siège à Johannesbourg où Achille Mbembe enseigne à l’université de Witwatersrand. La fondation est dotée d’un fonds de 50 millions d’euros sur cinq ans.
A qui s’adresse la fondation ?
“Les programmes et les outils de la fondation seront dédiés à un large public, des chercheurs aux artistes, des entrepreneurs sociaux aux gestionnaires d’ONG qui sont actifs dans le domaine de la démocratie”, selon Souleymane Bachir Diagne
“Construire depuis le bas“
Bien que la France finance son démarrage, la fondation n’agira pas que dans les pays francophones, tient à préciser de son côté Achille Mbembe pour qui c’est une organisation avec une “vocation panafricaine au-delà des découpages hérités de la colonisation”. La fondation n’a pas non plus vocation à se mettre “au service de l’influence française” en Afrique, ni à aider à “réduire le sentiment antifrançais” dans certains pays francophones a martelé l’intellectuel camerounais lors de la conférence de presse de lancement du programme.
La fondation vise à répondre à un besoin de recherche ouverte sur l’action pour mettre en réseau des acteurs qui ne se connaissent pour qu’ils ne se sentent pas isolés, défend encore Achille Mbembe :
“On veut répondre collectivement, construire depuis le bas. Nous étions très conscients qu’un cycle historique venait de se terminer et qu’il fallait en ouvrir un autre, et qu’il fallait le faire en comptant sur les forces nouvelles qui émergent en Afrique. Nous voulons créer de nouveaux outils qui permettent de refonder la relation. Une relation qui libère, une relation enrichissante plutôt que une relation qui enchaîne. La fondation est une institution africaine au service de l’Afrique, au service de la refondation de la démocratie d’abord en Afrique et au service du dialogue qui doit nécessairement avoir lieu entre l’Afrique et le monde en général. Elle n’est pas un outil d’expansion de l’influence française en Afrique.”
La liste des collectifs de la société civile qui seront financés par la fondation devrait être annoncée au mois de mars 2023.
En partenariat avec la Fondation de l’Innovation pour la Démocratie, le Timbuktu Institute a lancé une consultation à l’échelle continentale pour “recueillir des idées susceptibles d’enrichir le projet de la Fondation”.
Voici quelques-unes des questions que les deux organisations posent aux internautes dans le cadre de cette consultation populaire en ligne :
- “Pour faire avancer l’agenda démocratique, la première phase de cette Fondation sera au service de la construction, depuis nos territoires, de pensées, de compétences, de réseaux, de projets : qu’en attendriez-vous prioritairement ?
- “Selon vous, que faudrait-il améliorer prioritairement dans les projets d’appui à la démocratie en Afrique aujourd’hui ?”
- “A votre avis, hormis les financements, quelles sont les 3 choses dont les jeunes ont concrètement besoin pour s’impliquer directement dans la mobilisation en faveur de la démocratie?”
- Supposons que la Fondation organise chaque année une “école d’été”. Citez trois thèmes prioritaires auxquels elles pourraient être consacrée.