Le corps sans vie du journaliste camerounais Martinez Zogo a été retrouvé le dimanche 22 janvier 2023 à 15Km au nord de Yaoundé, la capitale. Les circonstances de sa mort ne sont pas encore élucidées. Mais déjà, le Syndicat national des journalistes du Cameroun, l’opposition politique et les organisations de défense des Droits de l’homme dénoncent un « assassinat ».
Arsène Salomon Mbani Zogo connu sous le pseudo Martinez Zogo, 51 ans, directeur général de la radio privée Amplitude FM émettant à Yaoundé, est mort. Porté disparu le 17 janvier 2023 autour de 20 heures, son corps sans vie a été retrouvé le dimanche 22 du même mois dans un état de décomposition, a indiqué à l’AFP son collaborateur, Charly Tchouemou, rédacteur en chef d’Amplitude FM. L’annonce de sa mort a choqué le milieu de la presse nationale, des organisations politiques, la société civile et des organisations internationales telles que Reporters Sans Frontières (RSF).
Animateur vedette de l’émission « Embouteillage », sa disparition dans des conditions troubles, a inquiété les organisations de défense des droits de l’homme et de presse. Selon RSF, Martinez Zogo avait été vu pour la dernière fois devant un commissariat de la périphérie de Yaoundé autour de 20H le 17 janvier avant qu’il ne disparaisse, enlevé par des hommes encagoulés. Le gouvernement avait confirmé sa disparition le samedi et a indiqué suivre la situation avec toute l’attention qu’elle mérite, dans un communiqué du ministère de la Communication. Malheureusement, le porté disparu a été retrouvé mort, avec le corps nu cinq jours après sa disparition.
La thèse d’un crime
Bien que les circonstances de sa mort ne soient encore élucidées, la thèse d’un assassinat est évoquée par le Syndicat national des Journalistes du Cameroun et d’autres organisations nationales et internationales. Pour étayer cette thèse, la dénonciation des détournements de fonds publics par des personnalités camerounaises par Martinez Zogo dans son émission est mise en avant. Très controversé avec son émission, Martinez Zogo a été plusieurs fois suspendu par le Conseil national de la Communication, organe régulateur des médias du Cameroun. Il a même été emprisonné pour des faits de diffamation par voie de presse.
Dans un communiqué, le syndicat a dénoncé un « assassinat odieux ». Même réaction de la classe politique camerounaise. Le député du parti de l’opposition Social Démocratic Front (SDF), Jean-Michel Nintcheu a réagi en qualifiant de crime cette mort. L’International Press Institute, organisation de défense de la liberté de la presse basée à Vienne, a exhorté les autorités camerounaises à “enquêter rapidement sur le meurtre horrible du journaliste Martinez Zogo et veiller à ce que les coupables soient traduits en justice”. Même revendication du côté de RSF. “Il y a de nombreuses zones d’ombres concernant les circonstances de son enlèvement brutal. Les autorités doivent lancer une enquête rigoureuse, approfondie et indépendante pour établir toute la chaîne de responsabilité et les circonstances qui ont conduit à ce triste événement”, a déclaré à l’AFP Sadibou Marong, responsable du bureau Afrique subsaharienne pour RSF.
Le 25 janvier, le personnel des médias camerounais vont se vêtir en noir, signe de deuil, sur instruction du Syndicat national des journalistes du Cameroun. En attendant que le gouvernement ne diligente une enquête pour élucider les circonstances de cette disparition tragique, une autopsie sera réalisée sur le cadavre du défunt qui se trouve à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé.
D’autres cas de disparitions de célèbres journalistes en Afrique
Cette disparition rappelle celle du journaliste burkinabé, Norbert Zongo, retrouvé mort alors qu’il enquêtait sur le frère cadet de l’ex-président de la République Blaise Compaoré. Ou du journaliste tchadien, Noubadoum Sotinan, disparu à Douala au Cameroun alors qu’il se rendait au Congo en 2014. Neuf ans après, aucun signe de lui jusque-là. Ou encore celle du journaliste franco-canadien, Guy-André Kieffer en Côte d’Ivoire en 2004.