Le coup d’État du capitaine Ibrahim Traoré a marqué un coup d’arrêt aux activités des partis politiques. Peu après son arrivée, le nouvel homme fort du Faso avait suspendu, via un communiqué publié le 30 septembre 2022, toutes les activités des partis politiques et des organisations de la société civile. 6 mois après, la décision est contestée par certains partis politiques et suscite des interrogations sur l’avenir des partis politiques.
De fines couches de poussières soulevées par le passage ininterrompu des motocyclistes s’amassent sur la tête du lion en fer, emblème de l’UPC – l’Union pour le progrès et le Changement. Nous sommes à Gounghin, au siège de l’UPC – Union pour le Progrès et le Changement. Ce parti, auparavant à la tête de l’opposition sous le président Rock Marc Kaboré, est dans un bras de fer avec les autorités militaires en place. L’UPC conteste l’interdiction de la tenue de son bureau politique par le ministère de la décentralisation qui était prévu le 18 février.
« Quand le temps sera favorable nous allons leur dire de reprendre leurs activités »
Cet épisode rappelle celui du congrès d’un autre parti politique, le CDP. L’interdiction, en vigueur, n’a pas empêché la tenue de la session ordinaire du bureau politique national du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP). Ce qui a valu une lettre d’avertissement au parti de l’ex-président Blaise Compaoré, aujourd’hui dirigé par Eddie Komboïgo.
Quant à l’UPC, le parti à l’effigie du lion, il a décidé de saisir la justice burkinabè pour contester la légalité de la décision. Le tribunal administratif de Ouagadougou s’est déclaré « matériellement incompétent » et invite le parti à saisir une autre juridiction.
Pour Boukaré Zoungrana, le ministre de l’Administration territoriale en charge de l’application de l’interdiction des activités des partis politiques, il assure que « quand le temps sera favorable, nous allons leur dire de reprendre leurs activités parce que ce sont eux qui vont conquérir le pouvoir, ce ne sera pas nous ». Mais “cette interdiction sera en vigueur jusqu’à quand ?”, s’interroge Moussa Zerbo, porte-parole de l’UPC. Avant de préciser « Aucune loi n’est au-dessus de la constitution. À partir du moment où la constitution a été rétablie, cela met également les partis politiques dans leur droit. Quelle est la valeur d’un communiqué qui suspend les activités politiques ?”.
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Les partis politiques, les boucs émissaires idéaux ?
Mise en mal par les autorités militaires et pointées du doigt par une partie de la population, les partis politiques font face à une crise de confiance. Sur les plateaux télé ou dans les manifestations sur les places publiques, les hommes politiques sont les responsables désignés de la faillite de l’État burkinabè. Une situation exacerbée depuis les récents coups d’États. “Les nouvelles autorités du pays dès qu’ils sont arrivés ont trouvé des bouc émissaires. Ils ont présenté les acteurs politiques comme étant les responsables de la crise que traverse le pays”, explique Youssouf Ouattara, administrateur civil et expert des questions de bonne gouvernance.
Un constat partagé par Moussa Drabo qui refuse toutefois de voir les hommes politiques porter tout seuls la responsabilité des échecs. “Les partis politiques seuls n’ont pas dirigé ce pays, en quoi les hommes politiques doivent être tenus pour seule responsable de la gestion du pays. Le président de la transition lui-même avait dit que les responsabilités sont partagées.”
Au Burkina Faso, les partis politiques et les autorités militaires sont au début d’une cohabitation forcée, mais difficile, jeu d’équilibre. Entre ceux qui sont au pouvoir et à qui le pouvoir doit revenir à l’issue d’élection prévue le 1er juillet 2024 au plus tard, selon le chronogramme pour le selon le chronogramme de la transition.