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Allemagne : 20 « bronzes du Bénin » dérobés pendant la colonisation restitués au Nigéria

17 décembre 2022
5 min

Bronzes du Benin restitution allemangne

Le ministère des affaires étrangères Allemand a annoncé vendredi 15 décembre le retour de vingt bronzes, communément appelés « bronzes du Bénin », pillés dans l’ancien royaume Bénin. Ils seront rappatriés entre le 18 et le 20 décembre lors d’un voyage de la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock. Une initiative qui relance le sujet sur le patrimoine culturel africain encore détenu hors du continent.

Des bronzes pillés en 1897 par les britanniques

Ces bronzes du XVIIe et XVIIIe siècle, qui comptent parmi les œuvres africaines les plus réputées, ont été pillés dans l’ancien Royaume de Bénin, dans le sud du Nigeria par une expédition coloniale britannique (avec de nombreux autres trésors appartenant au palais royal) dans ce qui était à l’époque le Royaume du Bénin, dans le sud du Nigeria actuel.

Ils sont aujourd’hui dans des musées et chez des collectionneurs d’art aux États-Unis et en Europe et le gouvernement nigérian négocie leur restitution depuis plusieurs années.

En raison de leur grande valeur artistique, ils ont changé la façon dont les Européens voyaient l’art africain, celle-ci rendant caduc le vieux stéréotype hérité de l’ère coloniale selon lequel il n’y jamais eu d’art en Afrique mais que de l’artisanat. 

La collection la plus importante, qui compte près de 900 objets, se trouve au British Museum de Londres, qui, pour le moment, ne semble pas faire le pas vers la moindre restitution.

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Des années de négociations entre le Nigéria et l’Allemagne

Cinq ans après le discours à Ouagadougou d’Emmanuel Macron, en Europe, la plupart des anciennes puissances coloniales ont lancé des réflexions sur la réappropriation de leur patrimoine par les anciens pays colonisés, surtout africains.

En Allemagne, c’est un projet d’exposition au Forum Humboldt à Berlin, l’un des plus grands musées du monde, qui a relancé le débat sur les bronzes Bénin.

Ce musée allait abriter les collections des anciens musées ethnologiques de Berlin, et plus de 200 bronzes du Bénin devaient y être exposés. Toutefois, des activistes et universitaires ont pointé du doigt le problème du pillage colonial, ce qui a entraîné la suspension partielle du projet, notamment en raison de l’intérêt de la presse internationale couplée à la pression de la société civile.

Après des années de négociations, un accord avait donc finalement été conclu le 1er juillet 2022 entre Berlin et le gouvernement nigérian pour la restitution de ces bronzes issus de l’ancien royaume de Bénin et qui sont répartis dans une vingtaine de musées allemands.

En guise de geste symbolique, deux premières œuvres – le buste d’un roi et une plaque représentant trois guerriers – avaient été remises le même jour aux représentants du Nigeria.

Pour cette restitution 2022, c’est la ministre des affaires étrangère qui fera directement le voyage. Elle sera accompagnée de la ministre de la Culture, Claudia Roth, la ministre de l’Etat régional allemand du Bade-Wurtemberg chargée de la Culture, ainsi que des directeurs et directrices de cinq musées allemands détenteurs des plus importantes collections de bronzes du royaume Bénin en Allemagne.

Des restitutions de plus en plus nombreuses mais encore dérisoires 


Même si l’Allemagne devait restituer tous les objets béninois se trouvant à Berlin, cela ne représenterait guère plus de 10 % de ce qui a été pillé. 

L’Université de Cambridge avait remis le 27 octobre 2021 au Nigeria une sculpture de coq en bronze pillée il y a un siècle, devenant ainsi la première institution britannique à restituer un objet volé pendant la colonisation.

Cette initiative allemande qui fait écho aux efforts déployés par d’autres pays européens accroît la pression sur le British Museum, qui détient notamment ces quelque 900 bronzes.

En 2012 le gouvernement néerlandais votait en faveur du rapatriement d’objets dans d’anciennes colonies comme l’Indonésie. Il a annoncé vouloir faire ses excuses en 2022 pour sa participation aux actions coloniales, peut-être ouvrira-t-il aussi à cette occasion le débat sur une restitution.

La France, avait restitué 27 pièces d’art au Bénin et au Sénégal. Mais au moins 90 000 objets d’art d’Afrique subsaharienne sont dans les collections publiques françaises. Quelque 70 000 d’entre eux au Quai Branly, dont 46 000 arrivés durant la période coloniale.

La Côte d’Ivoire, qui a officiellement demandé fin 2018 à la France la restitution de 148 œuvres, se verra bientôt remettre le Djidji Ayokwe, le tambour parleur du peuple Ebrié, réclamé de longue date.

La grande difficulté dans le processus de restitution reste la reconstitution de l’itinéraire des œuvres pour en faire la demande. Certaines étant passées entre plusieurs mains : des administrateurs, médecins, militaires ou leurs descendants en ont fait don aux musées. 

D’autres ont été offertes à des religieux, acquises par les collectionneurs d’art africain au début du XXe siècle, ou encore ramenées lors d’expéditions scientifiques.

Quid des autres pays détenant encore une grande partie du patrimoine africain ?