Le 4 octobre 2025, Sciences Po Paris s’est transformé en carrefour africain. Plus de 2 000 participants – étudiants, entrepreneurs, chercheurs, décideurs – ont répondu à l’appel d’Africa Day, rendez-vous désormais incontournable pour ceux qui croient au potentiel du continent.
Dans les couloirs, les amphis et jusque dans les espaces de networking, les discussions allaient bon train : innovation, mobilité, culture, souveraineté économique. L’ambiance vibrait d’une conviction partagée : l’avenir de l’Afrique se joue maintenant, et il s’écrit ensemble.
Le ton d’une génération
Africa Day, c’est d’abord une rencontre : entre le continent et sa diaspora, entre rêve et action, entre étudiants et dirigeants. Les panels n’ont éludé aucun sujet sensible : création d’emplois, transition énergétique, financement des projets, mobilité intra-africaine.
Les atouts du continent – richesses naturelles, dynamisme culturel, population jeune – ont été rappelés avec insistance. Mais les participants, eux, ont voulu ramener le débat sur du concret. « Nous entendons de belles promesses, mais ce que nous voulons maintenant, c’est savoir où trouver les financements, les ouvertures et la possibilité de développer nos projets sur et avec le continent », a interpellé un jeune entrepreneur.
D’autres ont confié leurs doutes sur leur légitimité à agir après un parcours essentiellement en Europe : comment contribuer sans donner l’impression de « sauver l’Afrique » ? Comment se sentir légitime quand on n’y a pas grandi ? Des échanges directs, parfois bruts, qui ont donné à la journée une authenticité rare.
L’appel d’Hassanein Hiridjee
Moment fort de l’événement : l’intervention de Hassanein Hiridjee, directeur du groupe Axian. Ton énergique, gestes amples, il harangue l’auditoire : « La place de la jeunesse africaine n’est plus ici, elle est sur le continent, à soutenir la créativité sans limite qui émane de l’Afrique. » Une phrase reprise en chœur, comme un slogan, et qui résume l’esprit de la journée.
Les politiques et les géants économiques au rendez-vous
La présence du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a marqué les esprits. Son discours, symbolique, a confirmé que la diaspora africaine est désormais au cœur des priorités diplomatiques et économiques de Paris. Autour de lui, des représentants de la Banque mondiale, de Danone, de la FIFA, de l’Agence française de développement, mais aussi de poids lourds africains comme le Dangote Group, sont venus dialoguer avec la jeunesse.
Aliko Dangote, retenu au Nigeria, a adressé un message vidéo. Déception pour les participants, mais promesse d’être là l’an prochain.
Quand Davido galvanise la salle
La touche culturelle a été assurée par Davido, superstar nigériane. Sur scène, l’artiste a séduit par son énergie, mais aussi par un message inattendu : l’importance de l’éducation. Il raconte comment son père insistait pour qu’il termine ses études, quitte à annuler ses concerts. « Cette formation a été déterminante pour devenir le businessman que je suis aujourd’hui », affirme-t-il. Avant de conclure par une phrase reprise en ovation : « L’Afrique ne doit plus attendre d’être invitée : elle doit s’inviter à la table. »
Un élan collectif
Tout au long de la journée, des étudiants d’origines rwandaise, sénégalaise, nigériane, congolaise, ivoirienne ou ghanéenne, inscrits dans les plus grandes écoles françaises, ont martelé le même message : se former au mieux pour agir sur le terrain africain, avec des solutions concrètes, durables et financées.
La clôture de l’événement a laissé une impression d’élan collectif. Une jeunesse consciente des paradoxes qui la traversent – entre ici et là-bas, entre rêve et réalité – mais plus déterminée que jamais à construire l’Afrique depuis l’Afrique.
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