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Politique

Station Afrique, le village où l'on célèbre l’Afrique pendant les Jeux Olympiques de Paris

5 août 2024
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Station Afrique, le village où l'on célèbre l’Afrique pendant les Jeux Olympiques de Paris

Lancée officiellement le 20 juillet 2024, à la veille des Jeux Olympiques (JO) de Paris, Station Afrique est un projet ambitieux de plus d’un million d’euros, réalisé en partenariat avec l'Association des comités nationaux olympiques d'Afrique (Acnoa), l’Île Saint-Denis et le Comité international olympique (Cio).

Point de rencontre entre le Sport, les traditions, la culture et l'énergie des 54 nations africaines, ce projet audacieux n'ayant toujours pas fait l’unanimité avait demandé deux ans de travail acharné. Jules Descombes, Chargé de mission pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de la ville de l'Île-Saint-Denis, nous raconte les 24 mois de périples pour donner naissance, en France, à la première fan zone africaine pour des Jeux Olympiques et Paralympiques. Entretien.

Comment est née l’idée de la construction de cette fan zone africaine à Paris ?

Station Afrique est un projet fou qui a commencé il y a deux ans. Cela fait huit ans que le maire de Saint-Denis, Mohamed Gnabaly suit les Jeux Olympiques. Il pense à cette idée de construire un village pour que la diaspora, les sportifs du continent et les passionnés de culture africaine puissent se retrouver.

L’Île Saint Denis étant au cœur même des JO par sa proximité du village olympique, c’est en cherchant qui accueillir que le maire a eu cette idée ingénieuse de créer un espace pour l’Afrique et sa diaspora.

Les réactions au départ n’étaient pas en faveur de ce projet. L’Afrique étant parfois perçue comme un continent complexe pour certains, mais la rencontre avec Mustapha Berraf, le président de l’Acnoa (Association des comités nationaux olympiques d'Afrique) a vraiment posé la première brique et accéléré le processus.

Ce projet de fan zone est comme une hydre qui a tenté à plusieurs reprises de naître sans succès, comme à Londres en 2012 où la tentative avortée a laissé un goût d’inachevé.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Le maire en reprenant le flambeau est passé par un nombre incalculable de péripéties pour arriver jusqu’à l’ouverture officielle de cet espace. Personne n’attendait ce projet et n’y croyait ! Nous étions trop petits, pas assez riches. Car, oui, il ne suffisait pas de dire que nous voulions accueillir l’Afrique pour que les choses se fassent toutes seules. Nous avons beaucoup été observés pour voir la crédibilité du projet, notre capacité à le mener à bien. C’est la raison pour laquelle il a mis deux ans pour voir le jour.

La programmation n’a pas été simple non plus. Il fallait à la fois convaincre les pays d’apporter leur contribution au programme et négocier des cachets d’artistes qui n’étaient pas à la hauteur généralement de ceux qu’ils touchent.

Heureusement, dès que des personnes comme Youssouf N’Dour ont accepté de s’intégrer dans le processus, les gouvernements, les artistes et les soutiens financiers, ont compris l’envergure de ce que nous pouvions réaliser et ont suivi.

Pour finir, avec le budget mis à disposition, la communication n’a pas pu être aussi puissante que nous l’aurions voulu, mais nous faisons au mieux pour que la diaspora et l’Afrique sachent que cette fan zone est là pour eux.

D’où viennent les financements ?

C’est un projet à plus d’un million d'euros. Sa faisabilité reposait également sur notre capacité à le financer. Le maire voulait que la ville soit garante de la coordination pour des questions de praticité mais il était impératif de faire appel aux autorités pour obtenir un soutien financier, politique et sécuritaire. Nous voulions officialiser un projet à travers lequel c’est la France qui accueille l’Afrique.

Les financements ont été à moitié apportés par le public, avec la préfecture de région et la métropole du grand Paris. Pour le reste, nous avons fait une levée de fonds privés et demandé le soutien des pays africains.

Quels rôles y jouent les pays africains ?

Ce n’était pas une mince affaire d’impliquer les pays car il fallait convaincre à la fois les comités olympiques situés sur le continent et les États, en passant par leurs ambassades en France.

Aujourd’hui, plus de seize pays d'Afrique sont mobilisés pour apporter leur contribution à la programmation culturelle à travers une présence sur les stands d’exposition, l’organisation de conférences, des animations culturelles, des soirées à thème et la communication auprès de leurs diasporas.

Nous recevons quotidiennement des demandes de nouveaux pays qui veulent prendre part aux activités. Pour le moment, le Ghana, le Mali, le Zimbabwe, la Tanzanie, Zambie, Angola, Maroc, République Démocratique du Congo, Nigéria, Algérie, Éthiopie Kenya, Sénégal, Côte d’Ivoire et Guinée, le Cap-Vert sont déjà présents.

Quels impacts souhaitez-vous avoir ?

Tout le monde est surpris de voir ce que nous avons réussi à faire avec cette fan zone. En l'organisant, nous avons réalisé à quel point le Sport et les Jeux Olympiques sont puissants pour ouvrir des portes et connecter des mondes.

Nous voulons donc profiter de ces jeux pour montrer que non seulement nous prenons en compte la réalité des habitants mais aussi qu’il est possible d’organiser cet espace à Saint-Denis. Et le tout dans une atmosphère familiale, sécurisée et inclusive.

C’est également une occasion de valoriser le département, qui n’a pas toujours une bonne réputation, et célébrer la mixité culturelle qui s’y trouve. Nous voulons créer des liens de fraternité et changer les images que la France et l’Afrique ont l’une de l’autre en dehors des canaux officiels et gouvernementaux.

Quelles activités sont prévues pendant ces jeux ?

Avec Station Afrique, nous réunissons en un même lieu, sur plus de cinq hectares, des activités sportives, artistiques, culturelles, de la restauration, des espaces de conférences, un plateau de télévision, des écrans de diffusion des jeux et une scène pour les concerts, le tout dans une ambiance familiale.

Pour permettre à tous de profiter de ces jeux olympiques, toutes les activités sont gratuites à l’exception de quelques concerts proposés à des tarifs très bas, pas plus de vingt euros et cinq euros pour les habitants de l’Île. Les rencontres sportives seront diffusées sur des écrans géants pour qu'ils puissent tous les suivre.

Nous souhaitons occuper la jeunesse et les familles pendant ces jeux pour leur permettre de les vivre de manière festive et inclusive.

Avec les concerts, nous avons voulu donner accès à certains des plus grands artistes africains et afro-descendants. Parmi eux, Youssou N’Dour, Magic System, Major Lazer, Oxmo Puccino, Cappadonna du Wu-Tang Clan, Tamsir, pour ne citer qu’eux, sont prévus pour des concerts avec des jauges de trois mille personnes.

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