Catégories
Sport Explique-moi La Une de l'actualité africaine par Tama Média Le Lab Afrique Tama Média site d'actualité africaine blog

Qatar 2022 : comment expliquer le parcours historique du Maroc ? Décryptage.

11 décembre 2022
6 min
Fjo5KqOXgAMsObW
Qatar 2022 : Equipe du Maroc après sa victoire face au Portugal

Premier pays du continent africain à atteindre le dernier carré de la Coupe du monde, le Maroc continue de faire vivre l’espoir de tout un continent, voire au-delà, dans le monde arabe.

« Histoire continentale ! Le Maroc devient la première équipe africaine à atteindre les demi-finales de la Coupe du monde FIFA. Quel exploit pour les Lions de l’Atlas », a posté sur son compte Twitter la Confédération africaine de football, CAF. C’était juste après leur victoire 1 à zéro contre le Portugal du quintriple ballon d’or (Christiano Ronaldo) en pleurs à la fin du match.

Le ministre sénégalais des sports, Yankhoba Diatara, a pour sa part félicité les marocains par ces mots : « Tout le continent est avec les Lions de l’Atlas. Bonne continuation jusqu’à la victoire finale ». 

Mais comment expliquer ce solide parcours et historique des Marocains ?

Journaliste malien, Dramane Maïga trouve que c’est en défense que le Maroc impressionne surtout. Jusque-là, les Lions de l’Atlas n’ont encaissé qu’un seul but et c’était en phases de poules contre le Canada. « C’est une équipe très organisée lors cette rencontre face aux Portugais. Disciplinés, les Marocains voulaient écrire une page de l’histoire africaine et il l’ont fait pour atteindre les demi-finales d’une coupe du monde. C’est une première dans l’histoire du football africain », analyse le journaliste.

Résultat d’un long investissement politique et sportif ?

Pour Alharou Diaouré, suivant de près la coupe du monde au Qatar comme l’attestent ses analyses et impressions sur les réseaux sociaux après chaque match, c’est le résultat d’un long investissement. « Le parcours du Maroc me fait penser à la victoire du Sénégal à la coupe d’Afrique des Nations car je trouve que c’est le fruit de tant d’années, voire une décennie d’investissement sportif au niveau national, notamment dans les infrastructures, la formation et dans le championnat local. Ce qui porte aujourd’hui ses fruits », analyse-t-elle. « Oui, c’est une très belle équipe du Maroc, mais une équipe qui est surtout le fruit de tout l’investissement de la politique nationale du sport du Maroc », insiste-t-elle.

Comme Alharou, Moussa Salif Diarra, journaliste sportif à la télévision privée malienne Renouveau TV, affirme ne pas être étonné de cette qualification qui selon ses mots atteste du bon niveau du football africain. Il poursuit : « Pour tout bon observateur, cette qualification ne doit pas surprendre, surtout quand on se réfère à la participation de cette équipe à la dernière CAN. Aussi, en référence à leur parcours à la phase des poules où ils ont terminé en tête sans oublier leur brillante victoire contre l’Espagne, je ne suis pas du tout surpris de cette qualification. »

Coaching gagnant et binationaux ?

Toujours en se référant au Sénégal, qui a gagné sa première coupe d’Afrique des Nations avec un sélectionneur local, Aliou Cissé, Alharou fait observer que le Maroc gagne aussi avec un sélectionneur national, en la personne de Walid Regragui, devenu aujourd’hui une véritable star.

A cela s’ajoute la présence en nombre des binationaux comme le Maroco-espagnol Achraf Hakimi. Tout comme le Sénégal avec le jeune franco-sénégalais Abdou Diallo, « il y au moins 6 ou 7 joueurs de l’équipe marocaine qui sont binationaux, la comparaison est donc de mise entre les deux équipes, celle du Sénégal championne d’Afrique en février, éliminée en huitième de finale de Qatar 2022, et celle des Lions de l’Atlas ». 

Un avis que partage la journaliste Mariam Moussa Hari, pour qui la recette de l’équipe marocaine est le “0 complexe” face à l’adversaire. « C’est un peu ce qui manque au Cameroun [éliminé en phase de poules]. La majeure partie de l’équipe marocaine est binationale, surtout Maroco-belges comme Selim Amallah et Ilias Chair. Certains ont même joué pour des clubs de petites en Belgique », rappelle Mariam, indiquant que le Maroc était jusqu’à présent un gros outsider.

De son côté, Alharou rappelle que la réussite du Maroc est aussi le résultat du travail effectué ces dernières années par le sélectionneur franco-bosnien, Vahid Halilhodzic ayant qualifié le Maroc à la coupe du monde, avant de démissionner en août dernier. « Avant, les choses ne se passaient pas comme  l’entraîneur Halilhodzic le voulait car on  ne le prenait pas assez au sérieux. La Fédération royale marocaine ne faisait pas son travail, il faut le dire. C’est pourquoi il a claqué la porte. Quand on l’a rassuré sur l’investissement qu’ils allaient faire dans l’équipe, il est revenu et regarde maintenant les performances qui suivent un gros investissement politique du sport aussi bien en aval qu’en amont », souligne-t-elle.

« Se hisser en finale, et peut-être remporter la coupe » ?

 Salif Diarra abonde dans le même sens. « Sur le plan [tactique], on voit une équipe de Maroc au top avec un coaching payant et des joueurs décomplexés », fait-il remarquer. Avant de poursuivre : « Pour la suite de la compétition, je pense que le Maroc n’a pas encore dit son dernier mot. Il peut créer la surprise face à la France. » Le vainqueur de l’édition 2018 a battu hier l’Angleterre sur le score de deux buts à un, dans l’optique de défendre son titre.

Pour Dramane Maïga, journaliste à Studio Tamani,  « les Lions de l’Atlas n’ont plus rien à perdre. Je vois cette équipe se hisser en finale, peut-être remporter la coupe. Ce n’est pas exclu », pense-t-il. « La place d’ousider est une aubaine pour l’équipe marocaine. Ça leur permet de progresser tranquillement et gagner des duels. Je sens que l’Afrique s’approche de plus en plus d’une finale avec cette équipe  », ajoute sa consœur de la même rédaction, Mariam Moussa Hari. Maroc ou la France en finale ? Et contre quelle équipe ? La Croatie de Modric ou l’Argentine de Messi ? Il faudra attendre le lundi 13 et le mardi 14 décembre pour connaître le verdict final.