Instaurée le 17 avril 1998, la Journée Nationale de la Femme gabonaise est célébrée chaque année au Gabon et dans les pays accueillant sa diaspora. Célébrée le 20 mars 2023 à l’ambassade du Gabon à Paris, cette journée a été l’occasion de revenir sur le plan « Gabon égalité », trois ans après son lancement. Madame Erlyne Antonella NDEMBET DAMAS, Ministre de la justice, chargée des Droits de l’Homme et de l’Egalité des Genres du Gabon nous explique les points clés de cette politique publique.
Quel a été le point de départ pour la mise en place de cette politique publique au Gabon ?
La promotion des droits des femmes et la réduction des inégalités Femmes-Hommes représentent un enjeu majeur pour le développement socio-économique du pays. Elles constituent un prérequis à une croissance soutenable et durable.
A travers la mise en place d’initiatives structurantes, le Gabon a voulu renforcer son engagement envers ses concitoyennes et engager les institutions gabonaises dans un travail de renforcement de la protection et de la promotion des droits de la femme. C’est pour ces raisons qu’en 2015, le président de la République Ali Bongo Ondimba a institué la « Décennie de la femme gabonaise 2015-2025 ». Si l’égalité de traitement entre femmes et hommes a progressé dans le droit, elle doit encore progresser dans les faits ! C’est le constat que faisait en 2019 la Fondation de la première Dame du Gabon, Sylvia Bongo Ondimba, à travers une enquête menée sur les droits de la femme et les inégalités femmes/hommes au Gabon.
En collaboration avec de nombreux acteurs publics, privés, les associations, la fondation de la Première Dame a donc travaillé sur une « Stratégie de promotion des droits de la femme et de réduction des inégalités femmes/hommes » pour aider l’État à préserver les avancées acquises et à les renforcer là où elles sont encore insuffisantes.
Quels sont les points clés de cette politique publique « Gabon égalité » ?
Lancée en 2020, la stratégie à l’origine de la politique publique « Gabon égalité » établit une feuille de route structurant la mise en place de 33 mesures pour, sur un calendrier de trois ans, faire du Gabon un modèle sur cet enjeu, y compris pour le reste du continent. Basée sur un socle de sept piliers – éducation, santé, droit de la famille, politique, économie, violences, remaniement des lois – elle ne laisse aucun secteur de côté. Dans notre pays, en 2023, nous ne pouvons plus tolérer qu’une fille sur deux ne termine pas l’école en raison d’une grossesse précoce, que les avortements clandestins constituent la deuxième cause de décès maternels ou encore que des filles n’aient pas accès à certains métiers parce qu’interdits par la loi.
Cette politique publique ne se limite pas qu’aux grandes villes. Ces derniers mois, le gouvernement a intensifié la mise en œuvre du programme Gabon égalité dans les différentes provinces du Gabon afin que toutes les femmes puissent mieux connaître leurs droits à travers la législation actuelle. Un numéro de téléphone a été mis en place pour les renseignements et les alertes, notamment pour les violences : le 1404. Ces mesures et cette politiques publique ont permis au Gabon de recevoir, en 2022, la prestigieuse distinction du mouvement de solidarité mondial HeForShe (des Nations Unies) en faveur de l’avancement des droits des femmes.
De manière plus spécifique, que prévoit le programme pour l’autonomisation des femmes d’un point de vue économique ?
Si la politique publique « Gabon égalité » possède un gros volet lié aux violences sexuelles, physiques, ou psychologiques, elle tient également compte du fait que 83% des victimes de violences économiques sont des femmes. Au Gabon, l’évolution des femmes dans le milieu professionnel est encore limitée par les stéréotypes et préjugés sexistes qui sont banalisés ainsi que la prévalence du harcèlement auquel les femmes sont confrontées et qui reste insuffisamment encadré par la loi (en dépit d’une loi spécifique sur le harcèlement en milieu professionnel).
Parmi les femmes actives, une part importante – et supérieure à celle des hommes – de travailleuses indépendantes, notamment dans le secteur agricole, entraînant souvent un maintien dans la précarité et l’informel. Il en résulte une inégalité dans l’accès aux services d’assurance sociale et dans l’accès au financement. Trois actions majeures sont prévues pour pallier cela. Dans un premier temps nous avons renforcé les dispositifs de prévention et de sanction contre la discrimination et le harcèlement au travail en prévoyant notamment des sanctions pénales en matière de harcèlement moral, et en prévoyant une obligation pour les entreprises de prendre des mesures pour prévenir et sanctionner toute forme de harcèlement.
Ensuite, nous travaillons à faciliter la bancarisation et l’accès aux fonds pour les travailleuses indépendantes en mettant en place une tontine digitale. Enfin, nous encourageons la représentation des femmes aux hautes fonctions dirigeantes et supprimer les écarts de rémunération entre femmes et hommes.
Un message spécifique pour les femmes gabonaises ?
La femme est un « Homme comme les autres ». Elle doit se renseigner pour connaître, comprendre et faire respecter ses droits. Les femmes sont le pilier de l’éducation dans le foyer et donc des acteurs importants du changement de mentalité pour les générations futures.