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Une étape de plus vers la restitution du Tambour parleur de la Côte d’ivoire

11 novembre 2022
4 min
Ceremonie tambour Ebrie Quai Barnly Paris

Le Djidji Ayokwe est une pièce maîtresse de l’identité ivoirienne confisquée par les colons français en 1916 et conservée au musée du Quai Branly à Paris. Après sa réclamation en 2018, une étape clé a été franchie le 7 novembre 2022 en vue de la restitution.

Plus qu’un instrument de musique, un outil de communication


Tambour Ebrie ivoirien

La Côte d’Ivoire avait officiellement demandé fin 2018 à la France la restitution de 148 œuvres d’art africain. Le premier objet réclamé était le Djidji Ayokwe, le tambour parleur centenaire du peuple Ébrié que le président Français Emmanuel Macron s’est engagé à restituer en 2021, à la suite des rapports des universitaires Bénédicte Savoy, du Collège de France, et Felwine Sarr, de l’université de Saint-Louis au Sénégal.

Ce tambour à fentes de 3,50 m, orné, sculpté et peint constitue un pan de l’art musical traditionnel de l’ethnie ébrié.

Pillé par les Français, en 1916, il était bien plus qu’un instrument de musique ! Capable d’émettre des sons variés à plus de 20 kilomètres à la ronde, ce tambour était un outil de communication permettant à ce peuple de la région d’Abidjan de prévenir les villages de la venue des colons français afin qu’ils prennent la fuite. 

Pour des raisons de blocage législatif (de l’inaliénabilité des collections et de l’imprescriptibilité des spoliations) la France refusait depuis 100 ans de rendre cet objet. 

Une étape de plus dans le processus de restitution 

Chefferie ivoirienne tambour ebrie Quai Branly

Le 7 novembre dernier dans l’optique de sa restitution prochaine, le tambour sacré a fait l’objet d’une cérémonie rituelle de désacralisation qui a eu lieu au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac à Paris.  

L’objectif ?  Demander à l’esprit qui s’y trouvait de bien vouloir s’en libérer pour que les mains profanes puissent le manipuler pour le restaurer.

Pour ce faire, une délégation ivoirienne s’est rendue directement à Paris pour l’occasion, composée de Clavaire Aguego Mobio – actuel détenteur du pouvoir traditionnel des Ebriés, Silvie Memel Kassi- Directrice Générale de la Culture de Côte d’Ivoire ainsi que les autorités coutumières.

Les éléments juridiques du blocage seront donc prochainement annulés par une nouvelle loi qui doit être votée au Parlement français.

Et le tambour devrait être restitué à la Côte d’Ivoire en 2023. Le compte à rebours est donc lancé.

Une restitution demandée par plusieurs pays

En dehors de la Côte d’Ivoire, d’autres pays africains ont présenté des demandes de restitution à la France. Parmi ces pays figurent : le Bénin, du Sénégal, le Tchad, le Mali, l’Éthiopie ou encore Madagascar.

Ainsi en novembre 2022, la France a procédé à la restitution de 26 œuvres des trésors royaux d’Abomey qui étaient conservées au musée du Quai Branly.

A peine élu en 2018, Emmanuel Macron avait annoncé vouloir changer le rapport entre la France et l’Afrique.

Le 28 novembre 2017 lors d’un discours à l’université Ki-Zerbo, à Ouagadougou, devant 800 étudiants, il annonce sa volonté de restituer, “sans tarder“, les 26 œuvres réclamées par le Bénin. Une annonce inédite qui permettra d’accélérer le processus.

À la suite de ce discours, le président français commande un rapport à l’intellectuel sénégalais Felwine Sarr, professeur à l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis, et à l’historienne Bénédicte Savoy, professeure à la Technische Universität de Berlin.

Dans leur rapport, les deux chercheurs proposent une modification du code du patrimoine français pour faciliter la restitution des objets africains.

Le rapport détaille ensuite les biens qui seraient concernés par la restitution. Il s’agit entre des objets : “pillés, volés, butins de guerre, mais aussi ceux, très nombreux, acquis à des prix dérisoires, sans commune mesure avec le marché de l’époque, par les marchands, militaires, missionnaires, voyageurs“, préconise les deux professeurs.