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Fact-checking : Cette vidéo est-elle vraiment la preuve que la France arme les djihadistes au Mali ?

25 novembre 2022
3 min

L’affirmation

Une vidéo diffusée ces derniers jours sur les réseaux sociaux relance la polémique et sème le trouble sur la toile comme dans les rues de la capitale malienne. Une preuve de plus pour les partisans du président Assimi Goïta dont le gouvernement accuse la France de fournir des armes aux combattants djihadistes qui sévissent dans le nord du Mali. 

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Capture d’un tweet

La vidéo a été diffusée le 23 octobre dernier, reprise par plusieurs comptes twitter au Mali. Les images montrent des soldats français au Mali manipuler des armes en présence d’un homme supposé être un djihadiste. Une scène présentée comme une preuve irréfutable de l’implication des soldats français aux côtés des djihadistes qui commettent des exactions sur le territoire malien. Si cette vidéo n’est pas un montage, l’interprétation des images est erronée.

Le résultat de notre vérification

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Capture du reportage de AP

En effet, une rapide vérification sur youtube permet de savoir que cette séquence est en vérité tirée d’un long reportage  réalisé par des journalistes de l’agence de presse AP (Associated Press) en 2015.

Dans le reportage on peut voir que les militaires français accompagnés de soldats des forces armées maliennes effectuent ensemble en réalité une opération de désarmement dans la région d’Ansongo. Ces images ne peuvent donc servir de preuves à une éventuelle implication des forces armées françaises dans l’armement des djihadistes.

La polémique

A l’origine de cet emballement de la toile, un courrier du ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, daté du 15 août dernier, adressé aux instances onusiennes qui a accusé la France “d’ingérence”:  “Le Gouvernement du Mali dispose de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour larguer des armes et des munitions”. La France oppose un démenti et dénonce une fake news, par la voix du porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères, François Delmas : “la multiplication des manipulations de l’information qui ne doivent aucunement détourner l’attention de la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans le pays dont les populations sont les premières victimes.” L’ambassade de France au Mali a quant à lui mené l’offensive sur le net en publiant un tweet : La “France n’a évidemment jamais soutenu, directement ou indirectement, ces groupes terroristes, qui demeurent ses ennemis désignés sur l’ensemble de la planète”.

Le 19 octobre, nouvelle passe d’armes entre la France et le Mali.  Le chef de la diplomatie malienne réitère ses accusations à la tribune de l’ONU, au cours d’une réunion consacrée à la crise sécuritaire au Mali.  Abdoulaye Diop accuse une nouvelle fois  la France “d’agression” et “d’espionnage” sur le territoire malien et assure détenir les preuves de ces allégations. Il a en outre, enjoint son homologue français d’accepter une session spéciale de l’ONU afin de présenter ces preuves. Paris adresse une fin de non-recevoir à Bamako. Une stratégie qui permet au Mali de maintenir ses accusations sans apporter à ce jour les éventuelles preuves matérielles en sa possession.