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2023, une année politique décisive en Afrique

02 janvier 2023
7 min
Carte Afrique tama media 1

L’année 2023 sera marquée par une actualité politique forte en Afrique : Des présidentielles attendues dans six pays à travers le continent, des transitions démocratiques qui se font attendre au Burkina, au Mali et en Guinée, un processus de paix historique en Éthiopie, une crise politique en Tunisie et les sociétés civiles ougandaise et tanzanienne engagées dans une bataille judiciaire contre le groupe Total. Le point sur les cinq actualités qui vont marquer cette nouvelle année

1- Six élections présidentielle : Nigéria, Gabon, Sierra Léone, Libéria, Madagascar, République Démocratique du Congo

Le Nigéria va être le premier pays du continent où se dérouleront des échéances électorales générales dont la présidentielle le 25 février prochain. Tout l’enjeu est de savoir qui sera en mesure de succéder à l’actuel président Muhammadu Buhari qui ne peut plus se présenter après deux mandats successifs (2015-2019, 2019-2023) conformément à la Constitution. Au Gabon  en revanche, le texte suprême ne prévoit aucune limite au nombre de mandats présidentiels. Résultat, Ali Bongo Ondimba espère bien rempiler pour un troisième mandat lors du scrutin attendu en août prochain, en même temps que les élections législatives, locales et  sénatoriales. En Sierra leone, la date de la présidentielle a été fixée au 24 juin prochain. L’actuel chef de l’Etat, Julius Maada Bio est candidat à sa propre succession. Son parti le SLPP, parti du peuple de Sierra Leone avait été accusé par l’opposition de vouloir repousser l’élection en 2024 pour se maintenir au pouvoir. Au Libéria, la présidentielle devrait être organisée en octobre en même temps que les élections des membres ordinaires du parlement et des représentants des conseils locaux. Les électeurs décideront s’ils souhaitent renouveler leur confiance au duo formé par George Weah et  sa vice-présidente Jewel Howard Taylor (l’ex épouse du dictateur Charles Taylor). Ce serait un nouvel exploit au palmarès de l’ex footballeur international. 

À Madagascar, le scrutin présidentiel est prévu en novembre. Si l’actuel président Andry Rajoelina n’a pas officiellement annoncé sa candidature, peu de doute subsiste sur ses intentions. L’opposition s’y prépare et se rassemble autour d’une plateforme commune, Panorama, qui rassemble 17 partis politiques dont celui de l’ex président Hery Rajaonarimampianina. La dernière présidentielle de l’année 2023 devrait avoir lieu en RDC le 20 décembre. L’actuel président Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo, élu pour la première fois le 30 décembre 2018 est candidat à sa propre succession. L’opposition qui avait dénoncé des fraudes électorales massives lors du précédent scrutin et de nouveau vent debout contre cette nouvelle candidature du chef de l’Etat. Pour l’heure, le processus d’enrôlement des 50 millions d’électeurs est en cours. 

2- Coup d’état et transition démocratique au Burkina Faso, en Guinée et au Mali

En Afrique de l’ouest, trois militaires ont ravi le pouvoir aux présidents démocratiquement élus: le capitaine Ibrahim Traoré au Burkina Faso, les colonels Mamadi Doumbouya en Guinée et Assimi Goïta au Mali. Au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition promet des élections à l’été 2024 pour transférer le pouvoir aux civils. Le militaire se targue d’une réforme en cours de l’armée et d’un plan de lutte contre la corruption visant à redistribuer la richesse aux citoyens et à mettre en place une politique de “bonne gouvernance”. Au pouvoir depuis le 30 septembre 2022, il avait renversé un autre militaire, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, auteur du premier putsch contre le président Roch Marc Christian Kaboré en janvier 2022.

Au Mali,  le colonel Assimi Goita, président de la transition est à la tête de l’Etat malien depuis août 2020. Il fait face à un double défi: restaurer la sécurité sur l’ensemble du territoire malien face aux groupes djihadistes qui sévissent principalement dans le nord du territoire et assurer une transition pacifique en organisant des élections annoncées en février 2024.Reste à savoir si ce dernier y prendra part. 

En Guinée, le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya, se maintient à la tête de l’Etat guinéen depuis le 5 septembre 2021 avec la promesse de  transférer le pouvoir aux civils et de ne pas se présenter à la présidentielle attendue pour juillet 2024. Mamadi Doumbouya assure poursuivre les objectifs qu’il s’était fixés: une réforme sociale économique et institutionnelle avec comme “boussole” la lutte contre la corruption. 

3- Le président tunisien Kaïs Saïd, seul face à la crise

Plus de dix ans après le printemps arabe de 2011, la Tunisie reste plongée dans une crise politique d’envergure. Les dernières élections législatives organisées en décembre dernier ont connu un taux d’abstention record: plus de 90 %. Seuls 8,8% des électeurs ont participé au scrutin. Un taux historiquement bas,  jamais atteint même sous l’ère de l’ex président  Zine El-Abidine Ben Ali chassé du pouvoir par la révolte populaire de 2011. Le président Kaïs Saïd apparaît de plus en plus isolé face à l’opposition qui avait dénoncé la dissolution du parlement comme un coup d’état du président réclame son départ. La société civile réclame des réformes structurelles pour faire face à la crise économique: inflation de près de 10%, chômage de masse, pénurie alimentaire minent ce pays de 12 millions d’habitants. Pour calmer la colère populaire, le Président Saied compte sur un prêt du Fond Monétaire International (FMI) de 2 milliards de dollars. La réponse du FMI initialement prévue mi-décembre devrait être annoncée courant janvier. 

4- Le processus de paix en Éthiopie 

Le 2 novembre 2022 le gouvernement éthiopien et le Front de Libération du Tigré (FLT) ont signé un accord de paix historique qui met fin à deux ans d’une guerre meurtrière (viols, eclavage sexuel, épuration ethnique, crimes de guerre). Les ONG internationales le considèrent comme l’un des conflits “les plus meurtriers” au monde qui s’est déroulé à huis clos et dont le nombre de morts se chiffre à plusieurs milliers principalement dans le nord de l’Ethiopie. Plus de deux millions d’éthiopiens ont été déplacés en raison de ce conflit. Plus de 13 millions de personnes sont dépendantes de l’aide humanitaire mondiale selon le Programme Alimentaire  Mondiale (PAM). Cette guerre fratricide a débuté le 4 novembre 2020 lorsque le 1er ministre Abiy Ahmed a envoyé l’armée arrêter des dirigeants de la région du Tigré soupçonnés d’attaquer l’armée fédérale et de se rebeller contre son pouvoir.

5- Ouganda et Tanzanie contre Total Énergies

Le groupe Total Energies pourrait-il aller jusqu’au bout de ses projets pétroliers et gaziers controversés en Tanzanie et en Ouganda? Six ONG françaises et ougandaises ont assigné en justice la firme française pour manquement à “son devoir de vigilance” envers les populations. Une loi française adoptée en mars 2017 impose aux multinationales un plan de vigilance afin d’identifier “les risques et prévenir les atteintes graves envers les droits humains et les libertés fondamentales, la santé, la sécurité des personnes ainsi que l’environnement.” Les ONG dénoncent  l’expropriation de populations locales et des dégâts irréversibles sur l’environnement (pollution de 2000 mètres carrés de réserves naturelles en Tanzanie, expropriations d’habitants, forages d’hydrocarbures au sein du parc naturel de Murchison Falls en Ouganda). La réponse de la justice française est attendue le 24 février prochain. Les autorités ougandaises et tanzaniennes ont pour leur part signé un accord d’investissement de  10 milliards de dollars avec le géant pétrolier français et la compagnie chinoise CNOOC pour une production pétrolière en 2025.