Neuf ans après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation (APR), issu du processus d’Alger, les autorités de transition ont soutenu avoir constaté son « inapplicabilité absolue ». En conséquence, elles ont annoncé, dans un document officiel du 25 janvier, « sa fin, avec effet immédiat ». Le régime dirigé par le colonel Assimi Goïta a opté pour un dialogue inter-malien, sans médiation internationale, « afin d’éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires ». Mais quelles sont les chances de succès de l'accord qui accouchera de cet énième dialogue national ?
Par Baba Coulibaly
L'accord de paix d'Alger a été le fruit d'une médiation conduite par l'Algérie entre le gouvernement de l'ex-président Ibrahim Boubabcar Keita, avec l’actuel ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop occupant le même poste, et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) – regroupant notamment le Mouvement de libération de l’Azawad (MLNA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA). Outre ces deux parties prenantes, « d’autres mouvements proches du gouvernement malien ont créé la plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d’Alger ». Ce qui en fait, dans une certaine mesure, une entente tripartite réalisée sous l’égide de la communauté internationale.
Sa dénonciation est intervenue après le départ effectif de la Minusma – qui demeurait jusqu’à son retrait acté membre de la médiation internationale garante de sa mise en œuvre – ainsi que la reprise de la ville de Kidal, le 14 novembre, par les Forces armées maliennes (Fama) et leurs partenaires militaires russes. Cette localité, dans le septentrion, près de la frontière avec Algérie, est considérée comme le fief des groupes rebelles indépendantistes, réunis ces derniers mois au sein du Cadre Stratégique Permanent pour la Paix, la Sécurité et le Développement (CSP-PSD). Lesquels sont qualifiés par le pouvoir militaire de Bamako comme « des terroristes » – à appréhender dans sa connotation fortement politique, qui « ne fait toujours pas l’objet d’une définition universellement admise en droit international » –, au même titre que les groupes jihadistes opérant dans le pays. Des cadres du CSP et du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim/Jnim) du Malien Iyad Ag Ghali, affilié à Al - Qaïda, sont ainsi poursuivis en théorie par la justice malienne, depuis fin novembre 2023, aux motifs entre autres de « semer la terreur ».
« C’était une fin programmée au regard de la volonté affichée des autorités de transition depuis leur arrivée au pouvoir, de réaligner la réponse de l’État malien au conflit interne qui l’oppose aux groupes armés signataires de l’Accord d’Alger »
Par voie de communiqué publié sur les réseaux sociaux, daté du 26 janvier et signé par son porte-parole Mohamed Elmaouloud Ramadane, le CSP a indiqué prendre « acte de la décision (…) de Bamako de prononcer la caducité de l’Accord » .
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